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A Ryad, l'opposition syrienne s'engage, un groupe en désaccord

RYAD (Reuters) - Les représentants de l'opposition syrienne réunis à l'initiative de l'Arabie saoudite appellent dans une déclaration commune à la création d'un Etat "civil" inclusif et démocratique en Syrie et exigent le départ du président Bachar al Assad dès le début de la période de transition.

Le texte du communiqué de la conférence de Ryad, que Reuters a pu consulter, assure qu'il n'y aura pas dans la nouvelle Syrie de discriminations ou d'exclusions "sur des bases religieuse, sectaire ou ethnique".

Il promet la préservation des institutions étatiques et la restructuration de l'armée et des services de sécurité.

Selon l'agence de presse saoudienne, les opposants appellent aussi le gouvernement syrien à faire des gestes de bonne volonté avant le début de négociations de paix, en libérant des prisonniers politiques et en levant le siège militaire de zones rebelles.

Il n'est pas certain que ce texte sera signé par tous les opposants réunis depuis mercredi à Ryad, le groupe rebelle Ahrar al Cham, le mouvement armé le plus puissant participant à la conférence, ayant annoncé son départ.

Les insurgés islamistes ont justifié leur décision par la trop grande place accordée, selon eux, à l'opposition politique interne, le Comité national de coordination des forces de changement démocratique (CNCD), basé à Damas et jugé trop proche du régime de Bachar al Assad.

Ahrar al Cham a également jugé dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux que la conférence n'avait pas assez mis en avant "l'identité musulmane de notre peuple".

DÉLÉGATION COMMUNE

Un peu plus tôt, un membre de la Coalition nationale syrienne (CNS), principal organe de l'opposition en exil, avait déclaré que les opposants s'étaient entendus sur le principe de la formation d'une délégation commune réunissant mouvements politiques et groupes armés.

Monzer Akbik, qui s'exprimait à Dubaï, où il a été informé des décisions prises en Arabie saoudite, a précisé que ce groupe de 25 délégués serait composé de six membres de la CNS, six représentants des factions rebelles, cinq représentants de la CNCD et huit personnalités indépendantes.

"Ils représenteront toutes les factions de l'opposition, politique et militaire, et seront chargés de prendre les décisions en vue d'un règlement politique", a-t-il déclaré.

Monzer Akbik n'a cependant pas été en mesure de dire si les participants à la conférence de Ryad avaient pu s'entendre sur les noms des délégués en question. "Dieu seul sait" si les discussions aboutiront sur ce point, a-t-il ajouté.

La formation d'une délégation commune constituerait une avancée importante après les accords conclus mercredi sur des points plus consensuels, comme le refus de voir Bachar al Assad et ses proches jouer un rôle dans la transition politique et le départ des forces étrangères de Syrie.

La volonté de priver Bachar al Assad de tout rôle dans l'avenir du pays est exprimée de manière bien plus vigoureuse par ses opposants que par les pays occidentaux qui les soutiennent.

Si les Occidentaux appellent au départ du dirigeant syrien, ils restent relativement évasifs sur la date à laquelle ils souhaiteraient le voir quitter le pouvoir, certains n'excluant pas son maintien pendant une période de transition.

KERRY SE VEUT OPTIMISTE

A Paris, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a qualifié la conférence de Ryad de "très constructive", et a estimé qu'elle progressait.

"Je pense que tout le monde va dans la direction souhaitée pour que débute un processus politique", a-t-il dit. "Il y a donc des progrès, mais il reste des sujets ardus à aborder."

Une réunion le 18 décembre à New York est possible mais pas certaine, les différentes parties attendant toujours le résultat de la conférence de Ryad, a ajouté le chef de la diplomatie américaine, qui doit se rendre la semaine prochaine à Moscou pour discuter du dossier syrien.

Les dissensions au sein de l'opposition ont fait échouer la précédente tentative de pourparlers, à Genève, il y a près de deux ans. Elles compliquent aujourd'hui la tâche des Occidentaux, qui s'efforcent de soutenir des rebelles "modérés", et profitent aux groupes islamistes les plus radicaux, Etat islamique (EI) ou Front al Nosra, qui s'appuient sur ces divisions pour renforcer leur pouvoir.

Jeudi, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, dont le pays est avec la Russie le principal soutien de Bachar al Assad, a accusé, sans les nommer, "certains groupes" représentés à Ryad d'être liés à l'EI.

"Certains groupes terroristes liés à l'EI participent aux discussions (...) Nous ne laisserons pas ces groupes terroristes décider de l'avenir de la Syrie", a-t-il déclaré selon des propos rapportés par l'agence de presse semi-officielle Fars.

(Angus McDowall à Ryad, avec Sylvia Westall et Tom Perry à Beyrouth, Suleiman al Khalidi à Amman, Sami Aboudi et Dominic Evans à Dubaï; Jean-Stéphane Brosse, Nicolas Delame et Tangi Salaün pour le service français)

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