N’est-ce finalement pas plus agréable, une fois le rush des annonces passé, que de s’intéresser à la véracité des propos tenus par un conférencier ?
Terry Prachett, écrivain britannique connu pour ses romans "Les annales du Disque-monde", a très subtilement dans "va-t-en-guerre" cité : « Le degré d'intelligence de cette entité qu'on appelle foule est inversement proportionnel au nombre d’individus qui la composent. »
Si l’on tient compte d’un leader, Tim Cook, projeté sur le devant de la scène, contraint de s’évertuer à faire aussi bien qu’un certain Steve Jobs désormais disparu ; faussement décontracté de par ses habits, sur un ton posé, lent, laconiques usant de sophismes et certitudes.
Si l’on ajoute la puissance du Marketing ; savoir identifier ses besoins clients, répondre à leurs attentes, susciter de nouveaux besoins, faire fi de la concurrence.
Si l’on y adjoint l’effet d’annonce, l’engouement pour le luxe qui, citation de Jean-Jacques Rousseau, "corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise", qu’obtient-on ?
La Keynote d’Apple.
Qu’on aime ou pas ses produits, force est d’admettre la puissance de la société à la pomme. Des propos dithyrambiques ont envahi la planète, florilège de compliments, festival de courbettes, rien n’est trop beau pour décrire ce qu’Apple nous annonce en guise de nouveautés. Quid de la réalité de ces dernières ? Rouage marketing ou prouesse technologique ?
Qu’ils sont beaux, c’est vrai, ces nouveaux téléphones. Iphone 6 d’un côté, plus petit, iPhone 6 Plus de l’autre, plus grand plus beau, plus cher, nettement, mais c’est une phablette (téléphone/tablette)
On gagne en taille d’écran par rapport aux prédécesseurs, l’appareil est plus fin ; il fallait s’y attendre, la technologie s’améliorant. La résolution est en outre améliorée puisqu’on atteint du 1920x1080 Pour l’iPhone 6Plus (1334x750 pour l’iPhone 6).
On passe les améliorations des capteurs photos et vidéos, notamment lorsqu’on se rappelle qu’un Lumia 1020 sait faire du 41 MegaPixels, mais on apprécie fortement les modes slow motions, la qualité est impressionnante.
On découvre sinon agréablement des capacités de stockage possible dantesques. On peut aller jusqu'à du 128Go, il y a de quoi faire. Ce n’est toutefois rien d’extraordinaire quand on sait que d’autres appareils, Android et Microsoft/Nokia notamment, proposent des cartes SD qu’Apple s’obstine à ne pas intégrer.
L’autonomie s’améliore en tous points, c’est une bonne nouvelle ; quant à l’OS, il propose de nouvelles fonctionnalités, c’est un minimum.
Mais où se cachent donc les nouveautés, les vraies ?
Un nouveau processeur plus rapide. Mais est-ce vraiment une nouveauté ? A chaque génération les processeurs s’améliorent.
Quid du baromètre, récupération de l’altitude, récupération d’informations du corps humain (informations biométriques) améliorée ? De quoi ravir les pro du fitness ; mais rien d’impressionnant si l’on possède des montres connectées.
Les nouveautés d’Apple s’arrêtent donc là ?
Certes non. Les 2 vraies nouveautés de cette Keynote, sont le système de paiement sans contact avec NFC et l'iWatch.
NFC ? Mais quésaco ?
La NFC signifie littéralement Near Field Communication. En d’autres termes, c’est une communication en champ proche entre deux éléments. Sans fil, cette technologie n’est pas prévue pour communiquer au-delà de quelques centimètres. Le coût énergétique est faible, il permet l’utilisation de cartes de proximité à base de radio-identification (RFID) et ne se positionne pas pour concurrencer Wifi ou Bluetooth mais en tant que technologie complémentaire.
Echanger des données entre appareils proches (contacts, photos…), identifier le prix d’un vêtement lorsqu’on l’approche d’une borne, autoriser l’ouverture d’une porte si l’on a un badge et les autorisations adéquates.
L’une des choses les plus efficaces qu’amène la NFC est le paiement par carte bancaire. Peut-être ne le savez-vous pas, mais sur les cartes bleues récentes (elles possèdent une icône indiquant du sans fil) il n’y a plus besoin d’entrer votre carte dans les lecteurs supportant le NFC. Et si votre carte peut désormais communiquer sans fil alors pourquoi utiliser une CB ?
C’est exactement ce que propose l’iPhone 6, remplacer la CB. Un partenariat d’Apple avec Visa, MasterCard, American Express a ainsi été rondement mené. Au cœur de la validation du paiement, le fameux Touch Id, l’identificateur d’empreinte d’iPhone.
N’est-ce pas assurément révolutionnaire ?
Complètement. Sauf qu’Apple n’est pas innovateur dans ce domaine. Le paiement par NFC est déjà présent chez Android et Windows Phone sur certains appareils. Certes, le Touch Id n’est pas présent (bien que Samsung est un identificateur d’empreintes), mais il n’est qu’écran de fumée. Le protocole NFC n’est pas ultra sécurisé, mais les communications s’effectuant de prêt, il n’y a pas beaucoup à craindre. Le Touch Id d’Apple remplace simplement la nécessité de cartes SIM à authentifications spéciales comme celle proposées par Orange.
Alors, rien de révolutionnaire dans cette KeyNote ?
Il y a l’iWatch.
La montre connectée d’Apple attendue depuis si longtemps. Elle est juste fantastique, super belle et fluide. Elle est personnalisable mais ne fonctionne qu’avec les iPhone 5 et 6 ; pire, elle ne peut pas fonctionner seule comme la Gear S de Samsung.
Rien de transcendantale donc au niveau hardware. Mais les possibilités logicielles semblent en revanche multiples et c’est bien cela, si nouveauté on considère, qu’il faut absolument souligner.
Qu’en conclure ?
Vous remarquerez que nous n’avons pas parlé de prix, c’est cher, très cher, extraordinairement cher.
Il n’y a pas de révolution par rapport à la concurrence, mais des fonctionnalités on ne peut plus sympathiques et si savamment amenées ; c’est cela le savoir-faire d’Apple. Le Luxe ne se veut pas technologique, il se suffit par lui-même. Qualité dans les moindres détails, sans vocation à plaire à tous, mais à cibler ceux qui sont séduits et qui en ont les moyens. Bravo Apple, mission accomplie pour cette année.