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Attaque djihadiste meurtrière au coeur de Ouagadougou

par Mathieu Bonkoungou et Nadoun Coulibaly

OUAGADOUGOU (Reuters) - Un commando djihadiste a attaqué vendredi soir un hôtel et un café prisés des Occidentaux de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, faisant entre 23 et 27 morts selon les bilans disponibles samedi à la mi-journée.

Trois à quatre islamistes armés ont péri dans l'assaut donné dans la nuit par les forces spéciales, appuyées par des forces françaises et américaines, qui ont libéré 126 otages avec lesquels les djihadistes s'étaient retranchés.

Dénonçant une attaque "lâche et ignoble", le nouveau président du Burkina, Roch Marc Kaboré, a fait état d'un bilan "partiel" de 23 morts; l'ambassadeur de France à Ouagadougou a indiqué pour sa part que le raid djihadiste avait fait 27 morts.

La confusion est de mise sur le nombre total d'agresseurs impliqués dans l'attaque. De même, des informations différentes circulent quant à la nationalité des victimes.

Le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, a indiqué que les 23 victimes tuées étaient de 18 nationalités différentes. Sur son compte Twitter, l'ambassadeur français, Gilles Thibault, écrit lui que "la nationalité des décédés (n'est) pas encore connue". Il ajoute qu'"environ 150 personnes de 18 nationalités différentes (ont été) évacuées et traitées par le centre de soins primaire".

L'attaque a été revendiquée par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au nom d'Al Mourabitoune, le groupe du djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar qui lui a fait allégeance et était déjà impliqué dans l'attaque au scénario similaire menée le 20 novembre contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako, au Mali voisin.

La société SITE qui surveille les messages islamistes diffusés sur internet fait état d'un communiqué en arabe posté vendredi qui annonce que "nos frères moudjahidine au sein d'Aqmi, le bataillon al Mourabitoun, a fait irruption dans un restaurant d'un des plus grands hôtels de la capitale du Burkina Faso".

L'opération, toujours selon les surveillances de SITE, est présentée comme une "revanche contre la France et l'Occident mécréant" et un outil pour "inciter la jeunesse de l'oummah (ndlr, la communauté des croyants) au djihad".

DÉFI

L'attaque djihadiste, la première contre la capitale du Burkina, visait l'hôtel Splendid et le café-restaurant Cappuccino, voisin, deux établissements voisins prisés des Occidentaux et des soldats français déployés dans le pays dans le cadre de l'opération Barkhane, qui vise à lutter contre les groupes armés djihadistes au Sahel.

Les membres du commando ont d'abord mitraillé la terrasse du Cappuccino et incendié des voitures. "Nous venions d'ouvrir quand nous avons entendu des tirs (...) Il y avait trois hommes qui tiraient en l'air", a raconté un employé du restaurant, Vital Nounayon. "Beaucoup de gens ont abandonné leurs voitures et leurs motos et ont pris la fuite." Le commando s'est ensuite précipité dans le lobby de l'hôtel Splendid, situé de l'autre côté de la rue, où de violents échanges de tirs ont retenti.

Dans la nuit, cinq heures environ après les premiers tiers, les forces spéciales burkinabées, appuyées par les forces françaises et américaines, ont donné l'assaut contre l'hôtel. Mais leur progression a été freinée, les djihadistes ayant piégé à l'explosif les accès aux étages supérieurs de l'établissement.

Alors que s'achevait en milieu de matinée l'assaut contre l'hôtel Splendid, le gouvernement burkinabé faisait état de la poursuite d'"opérations de sécurité" à l'hôtel Yibi, tout proche, où les forces de sécurité redoutaient qu'une partie du commando ait trouvé refuge.

D'après un officier de la gendarmerie nationale, un quatrième djihadiste y a été tué. La même source a précisé que deux femmes se trouvaient parmi les islamistes tués. "Pas de femmes parmi les trois assaillants tués", relève pour sa part l'ambassadeur de France.

Cette attaque représente un défi pour Roch Marc Kaboré, élu en novembre 2015 et qui vient à peine de nommer son gouvernement.

Le président français François Hollande, qui a dénoncé dans un communiqué une attaque "odieuse et lâche", l'a assuré de son soutien et de celui des forces militaires françaises présentes au Burkina Faso.

A la différence du Mali, le Burkina Faso, qui a certes connu des moments troublés depuis le renversement, en octobre 2014, du président Blaise Compaoré, avait jusqu'à présent été largement épargné par les violences islamistes.

La situation a changé pour ce pays dont la population est à 60% musulmane. En plus de l'attaque de Ouagadougou, on apprenait samedi à la mi-journée qu'un couple d'Autrichiens, un médecin et sa femme, a été enlevé vendredi soir dans le nord du pays.

L'ambassade de France a mis en place une cellule de crise. D'après le Quai d'Orsay, un peu plus de 3.900 Français sont installés au Burkina Faso, dont un peu plus de 3.000 dans la capitale.

(avec Joe Bavier; Danielle Rouquié, Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)

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