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L'Humeur

Chronique d’un cambriolage : du dépôt de plainte à la désillusion (épisode 2)

Dans le premier épisode, nous vous avions raconté le déroulement du cambriolage. Aujourd’hui, nous allons partager avec vous les suites de notre mésaventure. À commencer par le dépôt de plainte et le début de la fin de nos espoirs.

Lorsqu’on se fait cambrioler, il y a certaines règles à respecter. D’abord, il ne faut toucher à rien. Appeler le commissariat et attendre qu’une équipe soit disponible pour venir constater l’effraction. On doit vous avouer qu’après avoir voyagé toute la journée, on trouve le temps un peu long. Heureusement, les deux policiers qui finissent par arriver sont sympathiques. Ils sont en fin de service, et nous sommes leur dernière affaire de la journée. En revanche, eux ne seront pas les derniers à investir notre maison. Il est déjà 22h et nous devons désormais attendre l’arrivée de la police scientifique. Chic, les "Experts" rien que pour nous ! Et comme le cambrioleur ne portait pas de gants et qu’il a mis ses mains partout, sur les montants de la fenêtre, le socle de la console de jeux, sur les poignées de porte, sur les tiroirs de la commande et les boîtes à bijoux… On est persuadé qu’il a laissé ses empreintes partout.

N’est pas expert qui veut

Vers 23h30 ce soir-là, c’est un duo féminin qui se présente pour effectuer les relevés d’empreintes. Point de lumière bleue, de spray révélateur, ni de musique d’ambiance ! On apprend alors que, contrairement aux séries télé, il faut tout un tas de conditions pour trouver quelque chose. La peinture sur le bois de la fenêtre ? Pas bon pour les empreintes. Les aspérités sur le chargeur de la console ? Pareil. Les poignées ? Trop lisses. Les boîtes des bijoux ? Pas le bon matériau. Bref, à moins que votre cambrioleur n’appuie correctement sa main sur une surface "appropriée", les experts ne trouveront rien. On comprend mieux, finalement, pourquoi notre cambrioleur n’a pas pris la peine d’enfiler une paire de gants.

Un grand nettoyage

La journée a été longue, stressante, et fatigante. Mais avant d’aller se reposer, on a envie d’effacer toute trace de l’intrusion. À commencer par le verre brisé de la fenêtre qui gît sur le sol. Mais ça ne suffit pas. On a envie de tout récurer. Peut-être même de tout purifier. Même si le cambrioleur est resté peu de temps, on découvre qu’il a fait le tour de toutes les pièces. Il est allé jusqu’à vérifier sous les matelas dans les chambres des enfants. La colère (la haine ?) monte.

Pire ?

Après une première nuit compliquée, on se demande comment on va se réapproprier sa maison. Comment on va pouvoir se sentir de nouveau en sécurité. Comment on va réussir à dépasser cette violation de son intimité. Comment on va laisser cette haine viscérale s’évaporer. Et dans cette délicate transition, certains commentaires n’aident pas. Lorsqu’on entend que cela aurait pu "être pire", que le cambrioleur aurait pu "tout saccager", que c’est un "avertissement à moindres frais"… On est à deux doigts de hurler. On aurait presque envie de tout casser. Faudrait-il qu’on remercie notre malfaiteur d’avoir été si prévenant ? Lui qui en trois petites minutes à peine a détruit notre cocon et tiré un trait sur une partie de notre vie en dérobant des biens auxquels on tenait particulièrement.

La plainte

Après un cambriolage, il faut bien évidemment aller porter plainte. Direction donc le commissariat. En arrivant de bonne heure, on se dit qu’on a une chance de se délester de cette corvée rapidement. On attendra tout de même deux heures avant d’être entendu. Pour commencer, il faut s’enregistrer à l’accueil qui se trouve dans le hall du bâtiment. Lieu qui sert également de salle d’attente. On ne se sent pas très à l’aise. Un sentiment heureusement rapidement dissipé grâce à la bonne humeur communicative du policier en faction. Mieux, à peine au courant de la situation, il nous explique qu’il a fait parti de l’équipe qui est intervenue chez nous quelques jours plus tôt. C’est lui que nous avions eu au téléphone. On a presque l’impression d’être un VIP. Derrière nous défileront une maman venue signaler la fugue de son fils "ayant de mauvaises fréquentations", une femme victime de violences conjugales, un vol "à la roulette", un autre cambriolage, deux usurpations d’identités, et quelques "convocations" de personnes devant être entendues par les enquêteurs. Le tout ponctué par la sonnerie de Jack Bauer (de la série 24h heures chrono) indiquant un nombre impressionnant d’appels téléphoniques au poste.

Désillusion

Pendant une bonne heure, l’enquêteur a consciencieusement rempli la plainte. Il a tout noté. Dressé la liste des objets dérobés. Récupéré les fichiers vidéo de la caméra de surveillance. On en profite alors pour lui demander ce que risque le cambrioleur s’il se fait prendre. En surfant sur Internet, on a découvert que le Code pénal prévoyait une peine allant jusqu’à 5 ans de prison. On se doute bien qu’en pratique ça sera moins. Mais la vérité nous achève : il ne risque… rien ! Pour le policier, le système français n’est absolument pas dissuasif. Et nous, on a du mal à comprendre. Quand on ne paie pas son stationnement, on reçoit bien une amende, non ? Notre cambrioleur, lui, n’ira pas derrière les barreaux. Il aurait donc bien tort de ne pas continuer son "travail". Quelques milliers d’euros pour trois minutes de casse et un quart d’heure de repérage… On a rarement vu meilleur taux horaire.

C’est quoi cette société ?

Sur le baromètre des émotions, la colère remonte en flèche. Alors forcément, on cherche des coupables. Les policiers ? Ils ont l’air aussi dépités que nous. Eux, les méchants, ils les attrapent (ou pas), mais ils ne décident pas de la suite. Les juges alors ? Si certains ont de grandes idées, de grands principes et sont taxés (à très juste titre !) d’ultra-laxistes, la majorité semble également acculée. Impossible de condamner un criminel lorsqu’il n’y a pas de place en prison. Reste donc plus que l’État à blâmer. Lui et ses politiques successives. À ne pas vouloir être dans la répression, on est aujourd’hui dans un sacré merdier. Mais les politiques ne sont que le reflet des bien-pensants de notre société.

Rendez-vous très bientôt pour la suite. Déclaration d’assurance et indemnisation seront au programme.

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