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Cinéma. « Dans Le Déserteur, Romain Duris joue un vrai méchant »

Interview. Comment on conçoit un film aussi beau et étrange que Le Déserteur sorti le 21 août ? Nous avons posé directement la question à son réalisateur, le cinéaste canadien Maxime Giroux.

Weekly.fr : Comment est né le déserteur ?

Maxime Giroux : Ce n’est pas moi qui aie eu l’idée, c’est mon coscénariste Simon Beaulieu. Il avait eu cette vision d’un Charlie Chaplin errant seul dans les étendues désertiques américaines. Au départ cela devait d’ailleurs être un film complètement différent, il avait envisagé une épopée qui se déroulait pendant une des deux guerres mondiales. Mais finalement pour des raisons de budget, nous avons plutôt opté pour un conte situé dans une époque indéterminée. C’est étrange car même si l’idée initiale du long métrage ne vient pas de moi, j’ai l’impression que le Déserteur est mon film le plus personnel.

Weekly.fr : Pourquoi ?

Maxime Giroux : Parce que je me retrouve dans tous les personnages ou presque à part le chien (personnage joué par Soko dans le film).) ! (Rire) Philippe (interprété par Martin Dubreuil) est un artiste qui se débat pour survivre dans un monde devenu fou, le vendeur de cigarettes représente le monde de la publicité et du marketing auquel j’appartiens aussi. Reda Kateb est un type bien mais il est obligé de faire des choses qui vont contre sa nature. Bref, j’ai l’impression que chacun d’entre eux représente une des facettes de ma personnalité.

Weekly.fr : Comment avez-vous réussi à convaincre votre producteur ?

Maxime Giroux : En cofinançant moi-même une partie du film ! J’étais un peu découragé car on venait de me refuser un projet de film. Donc j’avais envie de tourner vite et de ne plus me laisser contrôler par les institutions. J’en ai assez de laisser à certains le droit de décider ce qui va marcher ou pas. C’est cette attitude qui est en train de tuer le cinéma. Le Déserteur est d’ailleurs un peu le résultat de cet énervement.

Weekly.fr : C’est pour cela que le film a ce caractère paradoxal entre d’un côté la beauté des images et de l’autre la noirceur du propos ?

Maxime Giroux : Oui car j’ai voulu reproduire le monde dans lequel on vit. Tout est beau et sombre à la fois. Le rêve qu’on nous vend depuis des années a sérieusement du plomb dans l’aile. Il y a d’ailleurs une volonté d’être un peu grossier dans ma manière de présenter les choses, à l’image de certains hommes politique d’aujourd’hui qui peuvent être indécents. Tous les personnages sont des victimes du cynisme du monde dans lequel on vit. A part peut être celui de Romain Duris qui joue un vrai méchant. D’ailleurs, je crois qu’il était content de sortir de sa zone de confort et de jouer un rôle différent de ce qu’on lui propose habituellement.

Weekly.fr : Malgré toute cette cruauté, il y a cette scène magnifique entre Philippe et Reda Kateb où ils dansent sur du REM. Comment avez-vous conçu cette séquence ?

Maxime Giroux : C’est un peu le climax du film, ce moment où le spectateur doit comprendre qu’il ne se trouve peut-être pas dans le film qu’il croyait. On est dans le désert à un moment où le personnage principal est seul et en fuite dans le désert. Et tout à coup, même si c’est fugace, on va lui donner de l’espoir. Mais si vous observez bien, la séquence reste paradoxale. Le choix de la chanson (Everobody Hurts, REM ) est important, car certes elle dit qu’il ne faut pas renoncer mais en même temps elle parle quand même de suicide.

Weekly.fr ? Quels sont vos prochains projets ?

Maxime Giroux : Je travaille sur un thriller financier à la Big Short qui s’inspire d’une histoire vraie survenue au Canada. Et j’aimerai également faire une comédie avec Martin Dubreuil qui serait un peu une réponse positive au déserteur.

Le Déserteur, de Maxime Giroux dans les salles depuis mercredi 21 août

De quoi ça parle ?

Quelque part dans le monde, une guerre fait rage. Terrifié a l’idée d’être mobilisé, Philippe a fui Montréal pour se réfugier dans un Ouest américain aussi sauvage qu’hypnotisant. Il vit tant bien que mal de concours d’imitation de Charlie Chaplin. Mais la cruauté de l’humanité ne se limite pas aux champs de bataille, et Philippe ne va pas tarder à découvrir la face obscure du rêve américain.

L’avis de Weekly.fr

Le Déserteur est un film hybride à la personnalité bien tranchée. A mi-chemin entre une satire politique et un conte moral, le long métrage nous plonge dans monde aussi onirique qu’inquiétant. Les images, qui reprennent avec talent l’imaginaire du cinéma américain et ses grandes étendues, sont d’une beauté à couper le souffle. C’est sans doute pour mieux contrer la noirceur du propos autour de la brutalité des hommes et du système dans lequel nous vivons. Le cinéaste n’a pas peur de casser les codes et de perdre le spectateur dans les fils d’une intrigue pas toujours simple à appréhender. Pourtant l’expérience vaut d’être vécue car on en sort avec la curieuse impression d’avoir assisté, mine de rien, à un manifeste punk et énervé sur les dérives du capitalisme.

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