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Cinéma : « Avec Aïlo, je voulais prouver que l’homme n’a pas le monopole des émotions »

Interview. A l’occasion de la sortie du très joli conte animalier Aïlo, une odyssée en Laponie, Guillaume Maidatchevsky, son réalisateur, nous a expliqué comment il avait conçu cette aventure pas comme les autres.

Weekly.fr : Comment est né Aïlo et surtout comment avez-vous réussi à convaincre un producteur de vous suivre dans cette épopée ?

Guillaume Maidatchevsky : L’idée m’est venue grâce à mes enfants. Ils m’ont demandé pourquoi je n’avais jamais réalisé de documentaire sur les rennes du Père Noël ! Et cela m’est apparu qu’effectivement dans les films on nous présente plus souvent la faune de la savane ou de la jungle que les animaux du continent européen qui est pourtant plus proche de nous. Pour ce qui est des producteurs, ils se sont dit curieux de voir ce que cette idée de conte animalier pouvait donner même si à la lecture du scénario je pense qu’ils étaient encore un peu septiques, mais l’esprit du conte de Noël, la promesse de capturer des paysages magnifiques et d’avoir des animaux comme de vrais personnages d’une histoire ont fini par les convaincre.

Weekly.fr : Le principe narratif du conte fonctionne à merveille à l’écran mais justement comment êtes-vous parvenu à trouver le juste ton entre une écriture de fiction et des éléments naturels qui peuvent venir contrarier vos idées.

Guillaume Maidatchevsky : Dès le départ, je voulais raconter une histoire et ne pas être dans le catalogue car je sais que c’est le seul moyen pour aller vers l’émotion. J’ai donc commencé par écrire un scénario de 80 pages qui structurait mon récit. J’avais conscience qu’au final il y aurait plein d’éléments qui allait changer mais je me suis beaucoup documenté. A la fin de chaque semaine de tournage, je visualisais mes images et je réécrivais mes séquences en fonction de ce que je voyais à l’écran. Je n’ai du coup jamais perdu le fil de mon histoire. C’est vrai qu’un animal sauvage ne peut pas être dirigé mais sur le tournage je demandais à mes caméramans d’adopter le point de vue d’un animal en particulier, afin de rendre à l’image les différentes personnalités de chacun.

Weekly.fr : Vous avez eu l’impression que les animaux vous parlaient ?

Guillaume Maidatchevsky : (Rire) Oui enfin en quelque sorte. Quand on a 600 heures d’images, on a une multitude de détails à analyser et qui nous donnent de vraies indications sur ce que ressentent les animaux. Une oreille qui dresse suffit par exemple à marquer une inquiétude. Au bout d’un moment, ils s’habituent à notre présence et on peut vraiment créer une relation privilégiée avec eux. Je voulais vraiment raconter la vie d’individus en particulier et pas simplement faire une observation scientifique sur une espèce.

Weekly.fr : Qu’est-ce que vous voulez que vos spectateurs ressentent en regardant Aïlo ?

Guillaume Maidatchevsky : Je voudrais que tout le monde comprenne que l’homme n’a pas le monopole de l’émotion. J’ai passé du temps avec eux et je mets au défi quiconque de me démontrer que les animaux ne ressentent pas la peur, la tristesse ou la joie comme nous. Je le répète, l’émotion n’est pas le propre de l’homme et c’est un message important à faire passer pour que les animaux soient mieux considérés.

Weekly.fr : Avez-vous eu des sources d’inspiration ?

Guillaume Maidatchevsky : L’Age de Glace reste ma référence car c’est un film populaire qui ne présente pas les animaux de manière binaire. Il possède en plus plusieurs niveaux de lecture et s’adresse aussi bien aux enfants qu’à leurs parents et c’est aussi ce que tente de faire Aïlo. L’Ours de Jean-Jacques Annaud est un autre modèle notamment parce qu’il met en scène le point de vue d’un animal. Et évidemment difficile de ne pas penser à Bambi notamment quand Aïlo fait face à un charmant lapin.

Weekly.fr : On a l’impression que dans Aïlo, il n’y a pas vraiment de méchants…

Guillaume Maidatchevsky : Oui car je ne voulais pas représenter les animaux prédateurs seulement comme des méchants. La louve n’est pas méchante, elle est une mère comme celle d’Aïlo et elle a besoin de nourrir ses petits. Elle ne fait que prélever ce dont elle a besoin. C’est la même chose pour le glouton ou l’hermine, à aucun moment je n’ai voulu les enfermer dans une caricature.

Weekly.fr : La bande son est un point fort de Aïlo, comment-a-t-elle été conçue ?

Je connais très bien Julien Jaouin, le compositeur puisque ça fait quatre films que je fais avec lui. Je lui demande d'abord de m’envoyer des grands thèmes (joyeux, triste, action…). Puis une fois sur le tournage, j’écoute sa musique dans le casque et ça me donne l’inspiration pour des idées de plan. La caméra devient le prolongement de sa musique. C’est un personnage à part entière du film car elle permet de traduire ce qui ne peut pas toujours l’être par l’image. Concernant le narrateur, j’étais à la recherche de quelqu’un qui posséderait une certaine modernité. Aldebert est un chanteur qui parvient à toucher toutes les générations et c’est ce que je voulais pour Aïlo. Il m’est apparu presque comme une évidence. On m’a proposé des noms plus célèbres mais je trouvais qu’ils étaient moins bien connectés à l’univers que j’avais créé et au public que j’avais envie de toucher… Bref, il m’est apparu comme une évidence.

Propos recueillis par Marianne Font

Aïlo : une odyssée en Laponie

De quoi ça parle ? On y suit le combat pour la survie d’un petit renne sauvage, frêle et vulnérable face aux épreuves qui jalonnent sa première année. Son éveil au monde sauvage est un véritable conte au cœur des paysages grandioses de Laponie.

L’avis de Weekly.fr : Ni film d’animation, ni documentaire, Aïlo est un charmant conte animalier qui nous plonge au cœur des magnifiques paysages de la Laponie. Cette histoire universelle de survie est autant un pladoyer subtil pour la défense de la nature sauvage qu’un récit plein d’émotion et de surprises. Le point fort de Guillaume Maidatchevsky est d’avoir fait de chaque animal un personnage à part entière en s’inspirant simplement de leurs comportements naturels. Un joli voyage pour toute la famille.

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