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TV/Cinéma/Culture

Cinéma : Give me Liberty, Factory… un soupçon de Russie dans les salles

Hasard de la programmation, cette semaine deux longs métrages réalisés par des cinéastes russes sont à l’affiche. Le premier, américain, est une incursion quasi fellinienne dans la communauté russe de Milwaukee. Le second utilise le genre pour mieux dénoncer la division sociale dans son pays. Deux vraies propositions de cinéma dans les deux cas.

Give me Liberty, de Kirill Mikhanovsky

De quoi ça parle ? Vic, jeune américain d’origine russe, conduit un minibus pour personnes handicapées à Milwaukee. Commençant une fois de plus sa tournée en retard, il accepte tout de même d’accompagner des amis russes de son grand-père à un enterrement. Il ne le sait pas encore mais sa journée va littéralement partir en vrille…

Pourquoi il faut le voir ? Sur le papier Give me Liberty a de quoi surprendre. Une comédie américaine située à Milwaukee mais dirigée par un réalisateur russe ? Le cocktail semble détonnant. Et le résultat le sera également. Dès les premières images, on comprend que les intentions de Kirill Mikhanovsky sont bien de réaliser un film américain mais tout en y apportant le point de vue d’un exilé dans ce grand pays. Le cinéaste veut nous montrer un autre visage de l’Amérique. Pas celle qui gagne mais plutôt celle des gens ordinaires cabossés par la vie. Handicapés, émigrés, travailleurs sociaux… que des anonymes que le cinéma américain ne filme pas si souvent.

Dommage tout de même que le rythme se dilue un peu en cours d’expérience et que l’on manque,  un peu, au début du film de réels points d’ancrage. Mais ce qu’on aime le plus dans Give me Liberty c’est sa joyeuse ambiance chaotique qui rappelle le cinéma surréaliste et poétique de Fellini. Car en en plus de personnages hauts en couleurs, on y trouve un sens du détail assez fascinant. Un vieux canapé, une boîte de choucroute qui ne s’ouvre pas, un concours de chant, une chanteuse lyrique peu compréhensive… ce bestiaire quasi littéraire n’en finit pas de nous éblouir.

Factory, de Yuri Bykov

De quoi ça parle ? Suite à la vente frauduleuse de leur usine et la perte de leur emploi, plusieurs ouvriers décident d’enlever leur patron et récupérer le butin. L’opération menée par le mutique et ancien des forces spéciales Le Gris se transforme rapidement en prise d’otage. La garde personnelle de leur patron et la police vont rapidement encercler les lieux.

Pourquoi il faut le voir ? Politique le cinéma russe ? En tout cas sous ses atours de film d’action viril, Factory crie haut et fort son sous-texte social et politique. Le centre de l’action ? Une usine un peu perdue au milieu de nulle part et qui devient le théâtre d’un huis clos puissant. Ce n’est pas le fruit du hasard. Le combat doit se situer là où les forces sociales sont en œuvre. Le Gris, personnage qui mène la fronde, n’est d’ailleurs peut-être pas aussi binaire qu’il n’y paraît.

Au-delà de son message qui appelle clairement à la désobéissance, Factory est un polar bien troussé. Yuri Bykov préfère le plus souvent la force évocatrice des images aux grands discours militants. L’imagerie de métal et d’acier, les séquences d’introduction et de clôture qui forment une boucle, l’exposition des personnages et une traque haletante au sein de l’usine… aucun doute Factory carbure au cinéma accrocheur. On suivra avec attention la suite des aventures de Yuri Bykov.

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