Retrouvez Weekly sur Facebook

TV/Cinéma/Culture

Cinéma : Green Book, de Peter Farrelly

Une plongée dans le sud des Etats-Unis dans l'Amérique des années 60, ça vous tente ? Vous serez accompagné des grands Viggo Mortensen et Mahershala Ali qui campent deux hommes que tout oppose sur le papier et qui pourtant vont devenir amis. Signée Peter Farrelly, pour une fois sans son frère, cette dramédie rythmée vous promet un joli moment de cinéma. 

 

Feel good movie. Le terme est galvaudé. Comme s'il était devenu un simple élément marketing paresseux. Et surtout comme si l’absence d’éléments anxiogènes dans un long métrage garantissait une quelconque qualité. En réalité l’intention d’auteur a bien plus d’importance que n’importe quelle formule toute faite. Green Book appartient à cette catégorie magique du feel good movie. Mais derrière on retrouve la patte de cinéaste de Peter Farrelly (Mary à tout prix, Dumb and Dumber…). De ce fait, le film se hisse sans soucis au-dessus de la mêlée. Et ça fait, vraiment, du bien.

Inspiré d’une histoire vraie. Au petit jeu des ressemblances, on serait tenté de voir dans le pitch de Green Book, une sorte d’Intouchables américain ou de Miss Daisy et son chauffeur revisité. Effectivement, on y suit l’amitié entre deux hommes aux univers totalement opposés dont la route n’aurait jamais dû se croiser. Sauf que contrairement aux deux films cités, Green Book prend le contrepied des archétypes traditionnels. D’un côté, on trouve un chauffeur blanc un peu bas du front face à un riche et élégant pianiste de jazz noir. En inversant les codes et en offrant au passage un contre-emploi savoureux à Viggo Mortensen (sa posture anti-glamour l’éloigne de ses rôles habituels), Peter Farrelly compose un road movie particulièrement touchant.

Comédie d’opposition. L’humour de Farrelly s’appuie ici en grande partie sur ce décalage culturel. Les scènes où ces deux personnages haut en couleur se retrouvent seuls possèdent un sens assez naturel de la comédie. Sauf que dans Green Book, le comique sert à percer la personnalité de ce duo improbable. Et plus exactement leurs failles. Tony, le chauffeur, doit grandir quand Don, le pianiste, a besoin de trouver sa place dans ce monde. Le plan où Mahershala Ali se retrouve face à un champs d’ouvriers noirs qui le dévisagent comme une bête curieuse apparaît comme particulièrement fort. Le cinéaste réussit donc à trouver le bon ratio entre rires et larmes. Même si certains passages restent prévisibles, le pathos est tenu à distance. Il ne s’agit jamais de se moquer des personnages mais au contraire de rire avec eux.

Voyage dans le temps. Réussir un road movie exige de comprendre parfaitement son sujet. En toile de fond de cette tournée dans les Etats du Sud, Peter Farrelly dresse un instantané d’une époque, celle de la ségrégation. Ce portrait se glisse toujours dans des regards, des répliques anodines, des changements de décors et ce fameux Green Book qui répertoriait de manière minutieuse les hôtels où les noirs pouvaient résider. Cette apparence lisse, quasi bienpensante, d’une situation méprisable, résume malheureusement parfaitement l’Amérique des années 60. Nul besoin d’en faire plus pour comprendre que le système était sur le point d’imploser. Politique, drôle et rythmé, Green Book s'impose sans problème comme le feel good movie de la semaine. 

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


Suivez-nous

Les auteurs