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Cinéma : Les Crimes de Grindelwald, de David Yates

Le film pop de la semaine ? La suite des Animaux Fantastiques, évidemment. Les Crimes de Grindelwald est une aventure épique qui tisse un lien étroit avec la saga Harry Potter tout en trouvant sa propre voix. Politiquement affûté et osant une certaine noirceur, le long métrage se révèle être un voyage plein de surprises signé J.K. Rowlings. 

J.K. Rowlings est une magicienne. A l’image des héros qu’elle crée. A une petite nuance près, car sa baguette magique prend la forme d’un stylo. Ou plutôt en cette époque du tout digital, d’un ordinateur. Après un premier volet assez réussi, même s’il comportait quelques séquences purement fonctionnelles et enfantines, les Crimes de Grindelwald s’affirme comme une exploration plus profonde de l’univers adulte qu’elle a créé. Un film fort qui fait cohabiter la fantaisie avec le cauchemar de la guerre qui se profile.

Complexité narrative. En termes d’intrigue et de rebondissements, J.K. Rowlings a musclé son jeu. Et il vaut mieux avoir à l’esprit les évènements du premier film avant d’entamer cette nouvelle aventure. Ainsi le petit jeu du chat et la souris entre Grindelwald et les autres personnages comporte son lot de surprises et notamment un twist final qui devrait alimenter longtemps les conversations de la geekosphère. Cette richesse narrative est sans doute ce qui fait la force et la faiblesse des Crimes de Grindelwald. Nul doute que plusieurs lectures seront nécessaires pour en saisir pleinement la teneur des enjeux. Mais J.K. Rowlings peut se permettre d’être ambitieuse narrativement car elle sait que l’univers qu’elle crée a pour vocation de devenir la madeleine de Proust d’une nouvelle génération.

Créer du lien. Ce deuxième opus tisse d’ailleurs un lien plus étroit que le premier film avec la saga Harry Potter. Il ne s’agit plus de faire des légers clins d’œil mais au contraire d’introduire des lieux et des personnages indissociables du monde du petit sorcier. Les Crimes de Grindelwald nous invite ainsi à Poudlard pour plusieurs séquences qui font la part belle à une certaine nostalgie féérique. Mais c’est évidemment l’introduction d’un fringant Dumbledore qui constitue la pièce maîtresse de cette stratégie mémorielle. Il est le liant entre ces deux générations. Jude Law incarne avec malice cette version jeune du futur directeur de Poudlard. On y retrouve déjà en prémisse la célèbre dualité du personnage. Bien que toujours rangé du côté du bien, il use souvent de son charme pour parvenir à ses fins sans dévoiler toutes les pièces de son jeu.

Magie noire. Mais la partition la plus réussie de ce long métrage reste sans doute son insoupçonnable noirceur. Rassurez-vous les Crimes de Grindelwald demeure un voyage au pays de la magie, avec plusieurs scènes merveilleuses dans un Londres et un Paris rétros et réinventés créativement. Un petit passage dans la tanière de Norbert vous réserve quelques jolies surprises enchantées. On notera d’ailleurs que les créatures magiques prennent dans ce film une nouvelle dimension puisqu’elles servent à faire avancer l’intrigue, beaucoup plus qu’à simplement nous émerveiller.

Néofacisme. J.K. Rowlings parvient à jongler entre cette magie organiquement liée à son univers et un propos politique étonnamment noir. Grindelwald (interprété par un Johnny Depp débarrassé de ses tics sparowiens) incarne un antagoniste particulièrement bien écrit. Si Voldemort était l’incarnation classique d’un totalitarisme inspiré de la Seconde Guerre mondiale, Grindelwald représente au contraire un néofacisme contemporain, proche des mouvements populistes qui montent un peu partout dans le monde occidental : il est charismatique, capable de charmer des personnes bien intentionnées, il pointe du doigt les limites de la démocratie et surtout il brandit la menace d’une guerre que l’on sait en tant que spectateur inéluctable… Cette description d’un monde clivé nous rappelle douloureusement notre époque. Et J.K. Rowlings et David Yates semblent nous encourager comme Norbert à choisir notre camps. Vivement la suite.

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