Délinquance : trucage des chiffres et zizanie

Des cambriolages enregistrés comme de simples "dégradations". Des plaintes "déportées" sur le mois d’après. Des destructions pures et simples de certains faits. Les chiffres de la délinquance à Paris auraient été minorés. Truqués. Maquillés. C’est ce que révèle l’AFP qui a pu consulter des extraits d’un rapport explosif de l'Inspection générale de l'administration (IGA).

Ce rapport n’est pas le premier à épingler les statistiques de la délinquance à Paris. Un premier document de juillet dernier avait conclu à la disparition de près de 130 000 faits de délinquance sur l'ensemble du territoire entre 2007 et 2012. Une disparition que l'Inspection générale de l'administration attribuait alors à la politique du chiffre pratiquée sous Nicolas Sarkozy. Les chiffres d’aujourd’hui eux mettent en lumière que ces mauvaises pratiques sont encore particulièrement vivaces au sein de la préfecture de police de Paris.

Manuel Valls, depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, a promis plus de transparence. Mais ce nouveau rapport vient mettre à mal ses promesses. Certes, le nombre de trucages a baissé. Mais seulement depuis l'été 2013, soit un an après l'arrivée de Bernard Boucault nommé par Manuel Valls.

"Ne pas faire exploser les chiffres". "Pourquoi se tirer une balle dans le pied ?". Voilà les excuses d’un haut fonctionnaire à la préfecture de police de Paris et d’un commissaire de la banlieue parisienne que cite en exemple le rapport de l'Inspection générale de l'administration. Fin avril, un nouveau logiciel d'enregistrement devrait mettre fin à ces pratiques.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Certains ironisent comme Michel Deléan qui tweete : "Quoi, la police exemplaire de Sarkozy truquait les chiffres de la délinquance à Paris ?", ou comme Luc Bronner qui écrit : "Heureusement que le maquillage des statistiques n'est pas une infraction. Cela ferait augmenter la délinquance"… D’autres internautes interpellent nos politiques. Beatrice S. s’en prend directement à la candidate socialiste : "@Anne_Hidalgo pourra peut-être nous expliqué pourquoi les chiffres de la délinquance à Paris ont été truqués pendant au moins 10 ans par son camarade ?". De son côté Nain Portekoi fait un comparatif intéressant : "Penser que Guéant a trafiqué les chiffres de la délinquance c'est un peu comme imaginer que Copé a truqué son élection à la tête de l'UMP". Et cette semaine, le mot de la fin sera pour Maitre Eolas qui résume bien la situation actuelle : "Il y a 3 formes de mensonge : le mensonge par action, le mensonge par omission et la statistique".