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High-Tech

Emmanuel Macron veut un cadre pour les acteurs du numérique pour le bien des citoyens

C'est à l'occasion de Viva Tech le 24 mai dernier qu'Emmanuel Macron a rappelé sa volonté d'encadrer beaucoup plus et beaucoup mieux les entreprises qui exercent en Europe en rappelant aussi qu'il était indispensable qu'elles contribuent au bien des citoyens. C'était aussi un moyen de présenter le sommet Tech For Good qui se tenait la veille à l'Élysée avec une soixantaine de patrons et représentants des sociétés mondiales du numérique qui devront contribuer à l'élaboration de ce nouveau cadre...

Le 24 mai à l'occasion de l'ouverture du salon Viva Technology, le président Emmanuel Macron s'est adressé aux nombreux entrepreneurs présents. Dans le public il y avait des patrons de startups essentiellement français, mais il y avait également des représentants des GAFAM et autres multinationales du numérique, notamment Satya Nadella (Microsoft), Mark Zuckerberg (Facebook), Dara Khosrowshahi (Uber) et bien d'autres… Le président français n'a pas hésité à s'exprimer sur des sujets sensibles comme l'optimisation fiscale et pour dire qu'il attendait de l'exemplarité et de la responsabilité de la part des géants du numérique.

Pour Emmanuel Macron, avec les nouvelles technologies nous sommes en train de vivre une révolution qui peut faire peur à certaines personnes qui ne trouvent pas leur place dans le changement en raison de l'endroit où elles vivent ou de leur catégorie sociale. Une peur du changement également provoquée parce que les acteurs de ces bouleversements ne sont pas toujours exemplaires.

Si le président de la République encourage le changement par l'innovation, il fait remarquer que cela vient bousculer des acteurs déjà installés et cite en exemple les taxis qui ont dû faire face à Uber, mais qu'en plus les acteurs ne se conforment pas toujours aux règles notamment fiscales. Cela crée de la défiance et des inégalités avec entre autres des entreprises françaises qui se retrouvent en concurrence avec des acteurs étrangers qui ne payent aucun impôt.

Ces changements modifient l'organisation des sociétés, nécessitent de revoir l'éducation des enfants, obligent la formation tout au long de la vie pour apprendre de nouveaux métiers. Emmanuel Macron prend pour exemple le travailleur dans la distribution qui va devoir apprendre un nouveau métier "en ligne". Pour le président de la République, toutes les entreprises doivent participer au financement de ces accompagnements.

Les changements créent des angoisses par rapport à la confidentialité des données et l'Europe a apporté une réponse forte avec le RGPD. Les acteurs du changement apportent des outils qui parfois sont réutilisables par des personnes ou des organisations malveillantes qui peuvent les détourner pour déstabiliser des sociétés, faire la guerre, servir le terrorisme.

Et quand le changement par l'innovation devient un accélérateur d'inégalités alors il peut-être rejeté. D'après Emmanuel Macron, certains acteurs ont beaucoup d'appétit et d'énergie et pour certains secteurs celui qui gagne prend tout.

Si Emmanuel Macron est un "tech optimist" et si la France est clairement investie dans les nouvelles technologies, tout ceci n'est pas suffisant : faire de l'argent, créer des emplois, faire des actionnaires heureux... c'est bien, mais ce n'est pas suffisant. L'endroit où on doit éduquer des enfants c'est l'endroit où on vit, l'endroit où on doit disposer d'hôpitaux c'est là où on vit, et souvent on finit sa vie à l'endroit où l'on vit, rappelle-t-il devant des entrepreneurs français, américains et chinois. Il n'est pas possible d'avoir un écosystème des nouvelles technologies qui se comporte comme s'il ne vivait nulle part.

La France veut être une porte d'entrée en Europe, et les acteurs du changement doivent venir de plus en plus nombreux s'installer en France. Mais ces acteurs doivent avoir bien conscience qu'ils bousculent le système. Il faut que rapidement l'Europe se munisse d'un cadre pour les taxes et des règles communes. D'après le président de la République, ce cadre commun permettra de taxer plus justement pour financer l'éducation et la protection sociale et il définira des règles pour les secteurs tel que le Cloud, l'Intelligence Artificielle… Car ce qui a pu être fait avec le RGPD pour la protection des données doit être fait avec le Cloud, l'Intelligence Artificielle, le Système Social, les impôts : l'Europe doit disposer de cadres clairs pour les citoyens et les acteurs du changement et cela redonnera de la confiance.

Il faut que tous ensemble les acteurs du changement, les régulateurs et les gouvernements créent de nouvelles règles sociales et légales qui s'appliquent à tous. Si des choses ne sont pas rapidement mises en place, dans quelques années c'est aux gouvernements qu'on demandera des comptes.

D'après Macron, le modèle américain n'est pas régulé et ait guidé par des acteurs privés. Si ce modèle est très efficace pour l'innovation, pour le développement de nouveaux acteurs professionnels en revanche il est devenu difficile pour les politiques et les gouvernements américains d'expliquer comment ce modèle fonctionne. Et il n'est pas concevable que les gouvernements se dédouanent de leurs responsabilités en disant "ce n'est pas à moi de réguler, c'est aux acteurs privés de gérer". Pour Macron la responsabilité des gouvernements et sa responsabilité à lui c'est de faire en sorte que l'on taxe pour assurer la protection sociale des concitoyens.

Emmanuel Macron cite aussi le modèle chinois qui est très performant, mais qui n'a pas les mêmes valeurs que nous avons en termes de protection, en termes de droits de l'Homme, en termes d'égalité des sexes. Dans ce cas-là le gouvernement va trop loin en termes de protectionnisme (censure). Si le président français veut que ses entreprises se développent en Chine, en revanche il ne veut pas qu'elles subissent le modèle chinois.

L'objectif pour Emmanuel Macron c'est de créer un modèle européen qui réconcilie innovation et des règles communes qui sont bonnes. Un travail qui doit être assuré par les gouvernements avec les startups et les multinationales de la tech. Il faut avoir des discussions franches qui permettront de construire un cadre efficace pour l'innovation et pour le bien des concitoyens. Avec l'objectif d'éviter une crise importante.

La veille se tenait à l'Élysée le premier sommet Tech For Good. La présidence de la République avait réuni une soixantaine de patrons et représentants de très grandes entreprises (Microsoft, IBM, Free, Uber, Facebook…)pour échanger sur ces sujets de cadres communs pour l'intérêt de tous. Tous se sont mis d'accord pour oeuvrer ensemble pour tenter de définir un cadre juste en Europe. Tous rendront compte tous les semestres des avancées sur les différents sujets. La France veut être la porte d'entrée d'une nouvelle Europe où on pense innovation, technologie tout en gardant à l'esprit l'intérêt commun. Un modèle du Tech For Good, mais pas un modèle imposé par d'autres. Les acteurs vont créer des règles dont ils ont aussi besoin.

La vidéo intégrale de l'intervention 

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