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Ennahda devient le premier parti au parlement tunisien

TUNIS (Reuters) - Les islamistes modérés d'Ennahda constituent désormais le parti le plus important au parlement tunisien, après la décision annoncée lundi par 11 députés de quitter les rangs de Nidaa Tounes, la formation du président Béji Caïd Essebsi, en raison du rôle de plus en plus important joué par son fils au sein du parti.

Les dissensions au sein de Nidaa Tounes ne menacent pas dans l'immédiat l'existence du gouvernement de coalition, qui comprend Ennahda, mais elles surviennent à un moment particulièrement délicat pour la Tunisie, qui s'efforce d'endiguer les violences djihadistes après les attentats de l'an dernier, et d'encourager la croissance de son économie.

Les divisions se sont accentuées au sein de Nidaa Tounes, parti laïque créé après la "révolution du jasmin" (2011), depuis que des désaccords sont apparus l'an dernier entre une faction dirigée par Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l'Etat, et une autre conduite par Mohsen Marzouk, l'un des fondateurs du parti.

Après les premières défections intervenues la semaine dernière, onze autres députés ont déclaré lundi qu'ils quittaient les rangs de Nidaa Tounes, ce qui porte à 28 le nombre de ses parlementaires qui ont fait défection. Nidaa Tounes ne compte plus que 58 députés tandis que Ennahda contrôle 69 sièges, sur un total de 217 à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).

"J'ai décidé, de concert avec huit autres députés, de quitter le parti lundi. Au total, nous sommes 28 à l'avoir fait, et ce nombre pourrait augmenter dans les jours à venir", a dit à Reuters la députée Sabrine Ghoubatnini.

"Nos départs visent à protester contre la politique d'exclusion et le transfert dynastique du pouvoir vers le fils du président", a-t-elle ajouté.

Selon les députés partants, les craintes de voir Hafedh Caïd Essebsi chercher à contrôler Nidaa Tounes ont été renforcées dimanche par sa nomination au comité central à la fonction de directeur exécutif du parti et de membre du secrétariat général. Ils dénoncent en outre un retour au style autocratique de l'époque de l'ancien président Zine ben Ali, chassé du pouvoir début 2011 à la faveur de grandes manifestations.

Ces départs d'élus risquent de compliquer les efforts pour faire adopter des réformes difficiles, exigées par les créanciers internationaux de la Tunisie, qui visent à réduire les dépenses publiques et à relancer une économie mise à mal par les trois gros attentats commis par des groupes islamistes l'an passé.

(Tarek Amara; Eric Faye pour le service français)

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