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Entrepreneur et farouchement opposé à la loi El Khomri

La loi El Khomri n'a pas fini de faire parler d'elle. Surtout que le gouvernement ne semble pas vouloir la retirer purement et simplement. Voici mon avis, en tant qu'entrepreneur, sur ce projet de réforme du droit du travail.

Nous sommes en France, en 2016 et le projet de loi El Khomri est une honte à l'évolution sociale de ce pays.
Une réforme du droit du travail qui ressemble plus à une destruction du droit commun et des règles communes actuelles faisant voler en éclat des gardes fous. Les règles du travail sont en grande partie transférées aux entreprises qui devront établir des accords d'entreprises.

Pour justifier une telle réforme on s'entend dire que la France a besoin d'être compétitive. Face à la Chine et aux États-Unis, la France doit pouvoir travailler plus. Face au chômage qui augmente, la France doit se réformer.

Certes, la France doit trouver des moyens d'évoluer en restant elle-même dans un monde qui change pour redevenir plus compétitive.

Pour les rédacteurs de la loi El Kohmri, visiblement, il faudrait imposer de travailler plus, sans que cela ne coûte trop cher et pour y arriver on peut modifier des règles comme réduire le nombre de congés payés, augmenter le temps de travail et réduire le coût des heures supplémentaires. Ainsi, rendre le salarié plus malléable pour faire de lui un bien meilleur "outil de travail".

"Outil de travail" est-il adapté à l'être humain qui permet à une entreprise d'être ce qu'elle est ? Cet outil de travail qui, si on lui rend toute la valeur de son humanité, sera peut-être aussi celui qui motive le reste d'une équipe, qui saura amuser ses collègues et apporter de la valeur humaine au travail, parfois pas toujours plaisant. Pfff ! Pardon, je m'emporte ! Pour de nombreuses entreprises, nous ne sommes plus à l'ère du paternalisme. Surtout, l'entreprise n'est pas là pour faire du social (!)

Essayons d'y croire, la loi El Kohmri a une seule ambition, faire de la France un pays compétitif et réduire son nombre de chômeurs. Pour ce faire, elle veut permettre aux entreprises de ce pays de pouvoir s'épanouir en s'émancipant de règles imposées par les accords de branches et surtout se libérer des syndicats qui ne militent que pour pénaliser le patronat. Au passage la loi écarte également l'inspecteur du travail, qui jusqu'à présent, devait valider ou être informé de certaines décisions.

Et pour cela, la loi donne de sacrés moyens.
La fin de la durée légale : La durée "légale" devient la durée "normale" et l'article 1 précise que "des conventions et accords collectifs peuvent retenir une durée différente". Les accords d'entreprises s'appliqueront face aux accords de branches. Si on peut imaginer que des accords d'entreprises seront plus favorables, l'inverse est aussi vrai.

Admettons : je n'ai rien compris à ce projet de loi... Heureusement un inspecteur du travail détaille toute de la version 2 de la loi ici . Tout y est très clairement expliqué. Ok, il est à la gauche de la gauche.... Mais admettons que ce soit bien l'inspecteur qui écrit et apprécions son analyse...

En 2016, comment peut-on accepter tout ça ? Sincèrement ? Non pas qu'il ne faille pas réformer les règles du travail en France, mais simplement la façon dont est rédigé ce texte et tous les serpents qui s'y trouvent.
Comment ose-t-on prétendre que les Français ne travaillent pas assez ?

Comment peut-on prétendre qu'il faille imposer de travailler plus ? Qui cela peut-il impacter ?
Le cadre ? Certainement pas puisque la plupart des cadres en France se vantent de déjà travailler 70 heures par semaine !
Alors qui ? Les ouvriers, les employés, par exemple aux caisses enregistreuses (avant qu'elles ne soient automatisées), bref les employés qui ne trouvent peut-être pas d'épanouissement et donc l'envie de rester plus longtemps travailler.

Quoi qu'il en soit des salariés travaillent déjà bien plus de 35 heures. C'est le cas dans de nombreux métiers où le travail provoque de l'émotion, de l'envie et permet aux collaborateurs de s'investir et d'apprécier ce qu'ils font.

Et oui il existe aussi des salariés qui se contentent de faire leur nombre d'heures "légal" parce que la tâche n'est pas des plus plaisantes. En 2016 faut-il leur imposer de travailler plus longtemps sans gagner beaucoup plus ?

Pour ma part, je préfère admirer les entreprises qui ont intégré que le bien-être des collaborateurs provoquait le bien-être de l'entreprise. Aussi, je profite de ce billet pour dire :
- Bravo Mark Zuckerberg, PDG de Facebook qui permet aux salariés américains de prendre jusqu'à 4 mois de congé maternité ou paternité payé. (répartissable à souhait sur l'année) - Les Echos
- Bravo au Groupe français Bel qui propage les valeurs sociales françaises à l'ensemble des pays où il est implanté. Groupe Bel
- Bravo à Richard Branson, PDG de Virgin, qui, inspiré par Netflix, propose des congés illimités à ses salariés ! L'Express
- Bravo encore à Richard Branson qui propose 1 an de congé parental payé à ses salariés ! La Tribune
- Bravo à Evercontact, une entreprise française, implantée en France, d'autoriser des congés illimités. La Croix

Bravo aux entreprises du monde entier qui ont une vision humaine du monde du travail.

Le temps de travail n'est qu'un chiffre ! Les salariés heureux ne comptent pas leurs heures. Le fait que la loi puisse permettre d'imposer un temps de travail plus important servira avant tout à contraindre les jobs les plus ingrats. La loi n'a aucun intérêt.

Mais oui, on peut réformer le code du travail, peut-être par exemple avec le contrat unique. Voilà une réforme qu'il faudrait pousser plutôt que le sac de noeuds qui est proposé avec la loi El Kohmri et dont franchement j'ai honte.

Même la présidente de la commission des affaires sociales à l'Assemblée Nationale, Catherine Lemorton (PS), n'y croit pas beaucoup à ce projet du gouvernement qu'elle a étudié dans le cadre de sa mission. Concernant les embauches, elle ne voit pas trop comment cela va faciliter la chose, par contre elle est sûre que cela facilite les sorties. (I-Télé). Les réactions sur Twitter après son intervention télévisée :

Mais le premier ministre, Manuel Valls, semble déterminé à imposer cette loi quoi qu'il arrive. Et c'est bien ça qui énerve encore plus.

Dommage d'avoir un gouvernement PS totalement sourd aux inquiétudes légitimes des travailleurs.

Version initiale de ce billet posté sur LinkedIn Pulse

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