Face à la nuit : un polar hybride

Pitch. On suit trois nuits dans la vie d’un homme. A des âges très différents. Trois moments clefs qui feront basculer l’existence de cet individu tourmenté et qui vont le pousser à commettre l’irréparable. Où comment le destin ne tient souvent qu’à un fil…

Trompe l’œil. Au premier abord, on pourrait croire que Face à la Nuit, primé à Beaune, n’est qu’un simple polar. Le festival étant une référence en la matière, on s’avance confiants et impatients d’être pris au piège. Pourtant, il ne suffit que quelques minutes au spectateur pour comprendre que le long métrage de Wi-ding Ho dépassera largement le cadre du polar.

Mélange des genres. En réalité, Face à la nuit a été conçu comme un objet hybride. A la fois thriller, film d’anticipation, romance et drame psychanalytique, il se révèle surtout comme le portrait intime d’un homme au travers de moments significatifs de son existence. Et pour réussir cet exploit, le cinéaste a eu la bonne idée de proposer une chronologie inversée. C’est-à-dire que l’histoire commence quand notre héros est âgé et remonte au fur et à mesure le fil du temps.

Destin. Ce concept original et inattendu risque de perdre au départ les spectateurs non avertis. La première séquence futuriste qui imagine une Corée aseptisée, dont le principal fléau semble être le suicide, a effectivement de quoi surprendre. Les motivations du personnage restent trop brumeuses pour nous connecter à l'action. Mais soyez patient car le procédé révèle toute son efficacité dès la deuxième séquence qui révèle petit à petit les enjeux narratifs. La mécanique implacable du destin apparaît alors encore plus clairement. Surtout quand elle s'accompagne d'une véritable poésie visuelle. Très joli pour tous ceux qui prendront le temps de l'apprécier.