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Fumer : l’hypocrisie tue ?
La France qui s’arrête de fumer ? Un enjeu de santé publique. Mais derrière les belles paroles, la culpabilisation et l’hypocrisie sont reines au pays des politiques.
Flickr/CC/Justin Shearer
Face à la remontée inquiétante de la consommation de tabac en France, deux députés, Denis Jacquat (UMP) et Jean-Louis Touraine (PS) préconisent des mesures drastiques. Comme quoi, les adversaires d’hier sont capables de beaucoup d’abnégations lorsqu’il s’agit de notre bien-être. Le sujet est sensible. "Fumer tue". Mais qui ne le sait pas ? Parmi les idées développées par les deux compères, rien de très novateur. Ils ont patiemment épluché un rapport de la Commission européenne et piqué quelques initiatives lancées dans d’autres pays. A les écouter, la France accueillera demain des paquets neutres sans logo, ni distinction, vendus à 7,50 € l’unité. C’est bien connu, les hausses de prix à répétition ont toujours dissuadé les fumeurs. De même que chaque jour, ils changent de marque pour assortir le packaging de leur poison à leur garde robe.
Et vous les femmes ? Quelle honte d’avoir succombé au Mal ! Car les députés, reprenant les conclusions de la Commission européenne, veulent interdire les "slim". Non, pas les jeans. Les cigarettes ultra-fines. Trop mode et tellement fashion, elles incitent le sexe faible. Ce n’est donc pas la faute des femmes. Ouf, à défaut de santé, l’honneur est sauf !
Mais que dire d’un État qui culpabilise sans relâche sa vache à lait ? Qui la taxe… à mort ? Pourquoi tolérer la vente d’un produit dont on connait la nocivité et la nature cancérigène si ce n’est pour assouvir sa cupidité ? Arrêtons l’hypocrisie. Depuis peu, ceux qui essaient de s’en sortir en essayant la cigarette électronique sont eux aussi attaqués de toute part. Pourquoi ? Parce que les "vapoteurs", comme on les appelle, s’échappent du système bien huilé mis en place. Ils ne renflouent plus les caisses de l’état, et n’enrichissent plus celles des laboratoires pharmaceutiques fournisseurs officiels de solutions miracles.
J’en entends déjà rappeler que les taxes appliquées sur le tabac visent en partie à compenser la prise en charge médicale des fumeurs… Selon un rapport du Trésor public néo-zélandais, les montants récupérés sont bien supérieurs au coût des soins qui leur sont administrés. Cerise sur le gâteau, comme ils meurent plus rapidement que les autres, les caisses de retraite ne s’en portent que mieux ! Fumer, une bénédiction pour l’État ?