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Fusillade à Marseille : le plan anti-armes de Bernard Cazeneuve sera-t-il à la hauteur ?
Après la fusillade de Marseille, Bernard Cazeneuve a annoncé un plan global "extrêmement offensif" pour lutter contre la détention d'armes. Va-t-il encore durcir les sanctions ? Ça ne suffira pas. À moins d’y aller franchement…
Flickr/CC/Xavier Buaillon
Après la fusillade de Marseille qui a fait un mort et cinq blessés, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé qu'il présenterait prochainement un plan global "extrêmement offensif" pour lutter contre le trafic et la détention d'armes.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi après cette fusillade précisément ? C’est un peu comme si au plus haut sommet de l’État, on se rappelait subitement qu’il y avait des armes en circulation dans notre beau pays. Certes, la France n’est pas les États-Unis (pas encore…), pourtant les règlements de comptes et les balles perdues ne datent pas d’hier. L’année dernière, pas une semaine, ou presque, ne s’écoulait sans qu’un énième mort ne vienne compléter le triste tableau des décès par armes à feu. On ne reviendra même pas sur l’arsenal de guerre qu’avaient entre les mains les auteurs des attentats de janvier. Alors pourquoi maintenant ?
Bernard Cazeneuve a précisé que, chaque année depuis 2013, près de 6.000 armes étaient saisies sur des groupes criminels et que, sur ces 6.000 armes, il y avait à peu près 1.200 armes de guerre. Quand on sait qu’une kalachnikov se vend pour moins de 1.000 euros au marché noir, on se demande bien comment le gouvernement va pouvoir lutter. Les chiffres ne faiblissent pas, malgré le durcissement des sanctions entrées en vigueur en 2012. Alors à quoi pense le ministre de l'Intérieur ? Est-ce encore un effet d’annonce ?
Aujourd’hui, que risque-t-on pour être en possession illégale d’une arme ? Jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amendes. Jusqu’à… C’est-à-dire très rarement. Pourtant, à quoi sert une arme ? À tuer. Donc pourquoi ne pas considérer qu’un individu en possession illégale d’une arme est un meurtrier en puissance ? Une arme non déclarée, ce n’est pas pour s’entrainer au stand de tir le dimanche. C’est pour commettre un acte grave. Irréparable. Qui dérape souvent. Qui brise une famille qui n’avait rien demandé. Qui arrête la vie d’un homme ou d’une femme qui se trouvait là où il ne fallait pas.
Accélérons les choses. Si la possession illégale d’armes à feu était punie d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité, on gagnerait du temps et on sauverait des vies. Attendons quelques semaines, et on verra quel est le choix de Bernard Cazeneuve. Pas sûr qu’il se montre à la hauteur de nos espérances.