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L'Humeur

Grand débat national : des Français désunis, des préoccupations politisées ?

À se déchirer sur des sujets annexes et à trop regarder dans l’assiette du voisin, les Français risquent de passer à côté du vrai débat. De rater leur chance.

Arrêtons d’opposer les Français. On est gilet jaune, ou on ne l’est pas. Il y a les riches. Les émigrés. Les gays. Les musulmans. Les Parisiens. Les privilégiés. Ceux qui détournent le système. Et ceux qui en abusent… On nous a tellement formaté qu’il faut absolument faire rentrer chaque individu dans une boîte. Le marquer au fer rouge d’une étiquette qu’il n’a plus le droit d’enlever. On nous a ôté toute nuance. Notre pays ne voit plus qu’en noir et blanc. Il y a les gentils d’un côté. Et les méchants de l’autre. Reste à savoir qui est quoi.

Résultat, nous sommes passés d’un ras-le-bol général compréhensible et de revendications légitimes à un grand n’importe quoi où ce qui compte le plus n’est pas d’obtenir "mieux" mais de prendre "plus" à son voisin. Ces derniers jours, on a entendu Bruno Le Maire indiquer que la taxe d'habitation pourrait être maintenue pour les 20 % des ménages les plus riches. Que plus des deux tiers des Français (77 %) étaient favorables au rétablissement de l’ISF (l’impôt de la Solidarité sur la fortune). Que les droits de succession pourraient être revus à la hausse. Ou encore que le Mariage pour tous devrait être abrogé… En quoi cela changerait-il le quotidien des Français ? Ça ne fera pas diminuer la note à la caisse du supermarché. Ça ne fera pas baisser le prix de l’immobilier. Ça ne permettra à personne de changer de voiture ou de partir en vacances… Ça ne fait que renforcer l’idée qu’il y a des "clans". Des castes. Des groupes de gens qui se rassemblent. Qui montrent du doigt "les autres".

Alors, arrêtons. Arrêtons d’opposer les Français. Arrêtons de diviser, car ce n’est pas nous qui régnerons mieux. Et revenons aux fondamentaux. Les trois points qui pourront faire changer les choses restent : un logement agréable et abordable pour chacun, un travail épanouissant et valorisant, et un reste à vivre significatif permettant de profiter de la vie. Aucun gouvernement n’a voulu se pencher (réellement !) sur le problème de l’immobilier. Les gouvernements récents n’ont pas saisi l’ampleur de la dégradation des conditions de travail. Et aucun gouvernement n’a tapé du poing sur la table pour que les prix de l’alimentation ne s’emballent pas… Un esprit sain dans un corps sain, dans une maison saine. Et ce n’est pourtant qu’une fois dégagé de ces contingences que les Français pourraient réfléchir à un avenir commun. Une façon de consommer différente.

Le grand débat national a pour objectif de redonner la parole aux Français. Ils ne doivent ni s’éparpiller, si céder aux sirènes de la récupération politique des extrêmes. Ils doivent se concentrer sur ce qui est. Et sur ce qui devrait être. À demander tout et n’importe quoi, le débat risque de durer et de virer au règlement de compte où finalement chacun en sortira déçu. Et encore plus amer. En ce début d’année, on aspire pourtant tous à un peu de douceur, de justice et d’espoir.

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