Guyane : la grève générale dans l'indifférence

Mettons tout de suite une chose au point. Non, la Guyane ce n'est pas une "île" comme a lamentablement commenté Emmanuel Macron, interrogé sur la situation alors qu'il se trouvait au même moment dans un autre département d'Outre-mer. Oui, la Guyane est ce "petit" bout de France en Amérique du Sud, juste à côté du Brésil.

Et ce petit bout de France va mal. Ce n'est pas juste pour faire parler d'elle que la Guyane gronde depuis plus d'une semaine. Si des barrages se dressent, si des blocages sont décidés, avant une grève générale ce lundi, c'est plus qu'un simple ras-le-bol qui s'exprime. Délinquance, chômage, pauvreté, système de santé précaire, continuité territoriale qui se fait attendre malgré les nombreuses promesses depuis la crise de 2009 : la Guyane ne va pas bien. Et cette situation, aucun département de France hexagonale, aucune région, ne la supporterait.

Elle n'aurait d'ailleurs pas à le faire car il est quasi certain que les élus se précipiteraient à son chevet pour comprendre les racines de son mal et tenter de l'apaiser avant de la soigner. Imaginez cela dans le Nord-Pas-de-Calais ou les Bouches-du-Rhône. Surtout en période électorale !

C'est justement le fameux "devoir de réserve" qui sert d'excuse aux ministres demandés sur place par les manifestants. Il n'y a personne de prévu pour l'instant, des Outre-mer à l'Intérieur. Matignon a pris le dossier en main, appelle au dialogue et a envoyé depuis samedi une mission interministérielle de "haut niveau". Il n'y aura rien de plus. Pas de membre du gouvernement. Du moins pour l'instant.

Alors oui, la Guyane c'est loin. Mais la Guyane c'est la France. À part entière et non entièrement à part.