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L'Humeur

Jean d’Ormesson : non, Johnny Hallyday n’a pas pris toute la lumière

Cette semaine, deux très grandes personnalités nous ont quittés. Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday. Le décès du deuxième a, un peu, éclipsé celui du premier. Et pourtant, les deux hommes partageaient bien plus qu’on ne le pense… À commencer par un formidable amour de la vie.

"J’ai beaucoup aimé la vie, mais j’ai la chance d’attendre beaucoup de la mort. Une de mes caractéristiques, c’est d’avoir aimé cette vie. Eh bien, je ne voudrais pas la refaire, sûrement pas. Une fois, c’est bien. Grâce à Dieu, nous mourons. L’horreur, c’est l’immortalité…" Jean d’Ormesson est parti. Il y était préparé. Pas nous. Il a disparu dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017, à l'âge de 92 ans. Mais à peine a-t-on eu le temps d’enregistrer la nouvelle que Johnny Hallyday a décidé de lui voler la vedette. Jean d’Ormesson avait dû se douter que la vie lui ferait un tel pied de nez. En 2008, il expliquait sur le plateau de l'émission "Salut Les Terriens !" qu’un écrivain devait "faire attention à la façon dont il meurt". Pourquoi ? "C'est très mauvais pour un écrivain de mourir, par exemple en même temps que Piaf. Piaf a pris toute la lumière pour elle et on n'a pas parlé de Cocteau". Alors, mourir en même temps que Johnny Hallyday…

Le chanteur a monopolisé l’attention. Certains se sont même fortement agacés de cette surmédiatisation qui a fait de l’ombre à Jean d’Ormesson. Pourtant, rien ne sert d’opposer ces deux personnalités d’exception. Car s’ils viennent de deux univers radicalement différents, ils ont plus de points communs que certains ne veulent bien l’admettre.

D’accord, à première vue, Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre, comte d’Ormesson, fils d’un ambassadeur, directeur du Figaro, Immortel de l’Académie française, membre du cercle de la Pléiade et Grand-Croix de la Légion d’Honneur (entre autres !), n’a pas grand-chose à voir avec Jean-Philippe Smet, fils d’une mannequin cabine et d’un chanteur raté, élevé par sa tante mariée à un collabo, pur enfant de la balle qui n’a jamais mis les pieds dans une salle de classe. Et pourtant…

Lors de l’hommage national à Jean d’Ormesson, Emmanuel Macron a salué une "grâce lumineuse, contagieuse", un "antidote à la grisaille des jours", une "conversation étincelante"… Avec son charme, son sourire, sa réserve, Jean d’Ormesson s’est affranchi des barrières du temps et a conquis les Français, génération après génération. Comme Johnny Hallyday, finalement…

Si tout le monde connaît au moins une chanson de Johnny Hallyday, qui a réellement lu un livre de Jean d’Ormesson ? C’est peut-être pour ça que le chanteur est populaire, dans le sens où il fait partie du peuple, et que l’écrivain est populaire, dans le sens où il est connu du grand public.

Quoi qu’il en soit, Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday doivent bien se marrer là-haut.

En 1966, Jean d’Ormesson avait écrit Au revoir et merci dans lequel il dressait son portrait : "Trente-sept ans, bourgeois, vie sexuelle normale, plus d'argent que la moyenne, bonne santé, bonnes études, ni beau ni laid, un certain appétit pour la gloire, à défaut pour la publicité : je me présente". À nous aujourd’hui de lui dire… Au revoir et merci.

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