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Jeb Bush accuse Donald Trump d'être le "candidat du chaos"

par Steve Holland et Emily Stephenson

LAS VEGAS, Nevada (Reuters) - Répétition: mot en trop dans le premier paragraphe.

Jeb Bush, candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle aux Etats-Unis en 2016, s'en est pris mardi lors d'un débat télévisé à Donald Trump qu'il a qualifié de "candidat du chaos" après la proposition de ce dernier d'interdire l'entrée des musulmans sur le sol américain.

Cette attaque de Jeb Bush n'a pas été suivie par ses rivaux, les sénateurs Marco Rubio et Ted Cruz, qui ont concentré leurs attaques sur la politique de Barack Obama et sur Hillary Clinton, favorite à l'investiture démocrate.

"Donald est très fort pour les formules toutes faites mais il est le candidat du chaos et il serait un président du chaos", a déclaré Jeb Bush, qui se trouve à la traîne dans les enquêtes d'opinion, loin derrière Trump.

"Donald, l'a-t-il interpellé, tu ne gagneras pas la présidence à coups d'insultes. Le leadership ne consiste pas à attaquer ou à dénigrer les gens."

Organisé sur CNN, le débat de Las Vegas était le cinquième entre candidats républicains depuis le début de la campagne des primaires, le premier depuis l'attaque contre un centre social de San Bernardino, en Californie, qui a fait 14 morts le 2 décembre, et les attentats islamistes de Paris et Saint-Denis du 13 novembre.

Les questions liées à la sécurité nationale ont été au coeur des échanges.

"Nous ne parlons pas d'isolationnisme, nous parlons de sécurité. Nous ne parlons pas de religion, nous parlons de sécurité. Notre pays échappe à tout contrôle", a répliqué Trump, auquel semble bénéficier le climat actuel d'inquiétude qui règne aux Etats-Unis.

DISCOURS PORTEUR

Le magnat de l'immobilier et de la téléréalité a provoqué un énième tollé en proposant il y a une semaine de fermer temporairement les Etats-Unis à tous les musulmans.

Sa sortie lui a valu de vives critiques aux Etats-Unis (y compris de la Maison blanche qui a estimé qu'il s'était disqualifié pour la fonction suprême), et à l'étranger (le Premier ministre britannique David Cameron a dénoncé une proposition "clivante, inutile et mauvaise" tandis qu'en France, Manuel Valls l'accusait d'"entretenir la haine et les amalgames").

Mais un sondage Bloomberg Politics/Purple Strategies PulsePoll a montré que près des deux tiers des électeurs qui se disent prêts à voter républicain lors des primaires étaient de son avis et que plus d'un tiers affirment que ses propos vont les inciter à voter pour lui.

Mardi soir, il s'est placé au-dessus de Bush, expliquant que la campagne de l'ex-gouverneur de Floride, fils et frère d'anciens présidents, était "un échec et un désastre complet". "Avec l'attitude de Jeb, nous ne retrouverons jamais notre grandeur", a-t-il ajouté en reprenant son slogan de campagne.

A sept semaines du début des primaires, le 1er février dans l'Iowa, Trump conserve sa position de favori dans le camp républicain avec 33% dans le dernier sondage Reuters/Ipsos en date portant sur les intentions de vote au plan national.

A une lointaine deuxième place, le sénateur conservateur du Texas Ted Cruz est crédité de 15% des intentions de vote, suivi par Ben Carson, le neurochirurgien à la retraite (12%), Marco Rubio, sénateur de Floride (10%), et Jeb Bush (9%).

CRUZ-RUBIO, UN DUEL DANS L'OMBRE DE TRUMP

Pour ce qui est de l'Iowa, les rapports de force ne sont pas les mêmes puisque la moyenne des sondages compilée par le site Real Clear Politics place Cruz en tête (26,4%) devant Trump (25,4%), Rubio (12,9%), Carson (11,9%) et Bush (5,6%).

Cette avance, même infime, explique en partie pourquoi le sénateur du Texas s'est abstenu de s'en prendre directement à Trump. Il a revanche ferraillé avec Rubio sur les questions de sécurité et sur la situation au Moyen-Orient. Agé comme lui de 44 ans et issu pareillement de l'immigration cubaine, il voit en Rubio le principal obstacle à son ascension - à condition bien sûr que la candidature Trump retombe.

"La bataille que se livrent Cruz et Rubio est désormais une dynamique structurante de cette primaire", note Ford O'Connell, spécialiste électoral au Parti républicain.

Dans le New Hampshire, qui votera huit jours plus tard, le paysage diffère encore avec Trump qui réapparaît largement en tête (28,7%) devant Rubio (12%), Chris Christie, le gouverneur du New Jersey (10,3%), Cruz (9,7%) et John Kasich, le gouverneur de l'Ohio (7,3%).

Les gouverneurs Christie et Kasich complétaient mardi soir le plateau du débat sur CNN avec le sénateur du Kentucky Rand Paul et l'ex-patronne du groupe informatique HP Carly Fiorina.

Les autres, très loin dans les sondages, étaient programmés à une heure de moindre écoute comme c'est de tradition depuis le début de cette campagne républicaine marquée par le nombre élevé de candidats - ils sont encore 14 en lice.

(Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)

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