Jo Spiegel, ce maire qui refuse la Légion d'honneur
Jo Spiegel, maire de Kingersheim, une petite commune de la banlieue de Mulhouse, vient de refuser la Légion d’honneur. Une décision politique courageuse qui fait beaucoup de bruit.
"C'est pour moi le rôle essentiel d'un élu que de donner sens et vie à l'égalité démocratique. Il ne peut donc en être distingué". C’est notamment par ces mots que Jo Spiegel, le maire de Kingersheim, une petite commune de la banlieue de Mulhouse, a justifié son refus d’être décoré de la Légion d’honneur. Une décision courageuse que peu de politiques ont osé. Et qui, bien sûr, a beaucoup fait parler.
C’est sur sa page Facebook que l’élu a longuement expliqué son point de vu. Il a intitulé son message : "Légion d’Honneur : je ne veux blesser personne mais j ‘y renonce !" On pouvait difficilement être plus clair. Jo Spiegel a partagé sa décision avec ses quelques 1.600 abonnés. Il n’en fallait pas plus pour que la nouvelle fasse boule de neige sur la Toile. Et que ce maire se fasse un nom.
"Alors que le fossé ne cesse de se creuser entre les représentants et les représentés, entre le haut et le bas, entre ceux qui sont promus et ceux qui ne le sont pas, tout ce qui "fait distinction" alimente le discrédit et renforce la crise de la "démocratie-régime". Il me semble que notre société a besoin, plus que jamais, de (re)trouver une culture de plain-pied et le sens de l’Egalité", a écrit Jo Spiegel.
Et les réactions ne se sont pas fait attendre. Certains ont salué "une preuve de lucidité". D’autres ont relevé "la sagesse d'un homme" qui "s'oppose aux coutumes d'un système élitiste". Les derniers ont espéré que ce geste "inspire" d’autres hommes politiques.
Sur Twitter, Pierre France a résumé sa pensée en disant : "Un homme politique qui assure, ça ressemble à ça". Même dans le camp adverse, certains ont félicité Jo Spiegel, comme Pascal Billat ? : "Rare que je fasse l'éloge d'un élu socialiste... mais sur ce coup-là, respect M".
Jo Spiegel n'est pas le premier à refuser la Légion d’honneur. L’année dernière, c’est François Bayrou qui a décliné l’offre pour la deuxième fois déclarant au JDD : "On n'accepte pas une décoration venant du pouvoir quand on est un homme politique indépendant". L'ancien ministre Jack Ralite, lui, a refusé six fois !
Il y a quasiment un an, c’est le dessinateur Jacques Tardi qui a voulu "rester un homme libre". Et bien avant lui, Hector Berlioz, Pierre Curie, George Sand, Jean-Paul Sartre, ou Georges Brassens ont refusé la Légion d’honneur. Une décoration qu’avait également fustigée Léo Ferré dans une chanson : "ce ruban malheureux et rouge comme la honte".