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Julie Douib : c’est quoi un féminicide ?

Dimanche dernier, Julie Douib était tuée par balle par son ex-compagnon en Corse. À 34 ans, elle devenait la trentième victime de féminicide depuis le 1er janvier 2019. Féminicide ? Un terme qui revient de plus en plus. Mais que signifie-t-il exactement ?

Féminicide. Le mot est revenu à plusieurs reprises pour qualifier le meurtre d'Alexia Daval. On en entend également beaucoup parler ces derniers jours après le meurtre de Julie Douib. Mais au fait, qu'est-ce qu'un féminicide ? D’après le Petit Robert, il s’agit du "meurtre d’une femme, d’une fille en raison de son sexe". Le féminicide est un mot-valise constitué des termes "féminin" et "homicide". Comme "parricide", "fratricide" "infanticide". En revanche, on n’en trouve aucune trace dans le Code pénal. Pourtant, cette notion a été largement abordée outre-Atlantique, notamment dans les pays d’Amérique Latine (Mexique, Costa Rica, Guatemala, le Chili, le Pérou...) et aux États-Unis, dès le début des années 1990.

Selon l’OMS

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a répertorié quatre catégories :

- Le crime "intime" commis par un partenaire.

- Le "crime d’honneur" commis par un membre de la famille pour une "transgression sociale de genre" (adultère, relation sexuelle hors mariage, viol…).

- Le "crime de dot" comme en Inde où certaines jeunes épouses sont assassinées par des membres de leur belle-famille pour avoir apporté une dot insuffisante.

- Le "féminicide non intime" commis par une personne étrangère à la victime.

Le féminicide ne se limite donc pas au meurtre conjugal. De même, tout meurtre de femme n’est pas un féminicide.

Drame familial ?

Le terme féminicide est désormais largement plébiscité. Mais pourquoi ? Les affaires sont souvent minimisées, reléguées à la rubrique des faits divers et qualifiées de "drames familiaux" ou de "crimes passionnels". Il s’agit pourtant de meurtres. Commis par "des hommes qui considèrent que ces femmes leur appartiennent et qu’ils ont un droit de vie ou de mort sur elle", selon les spécialistes. Ce terme donne une visibilité à ces meurtres.

Impunité

En France, les violences envers les femmes sont souvent minimisées. Les procès n’aboutissent pas. On cherche des excuses, des circonstances atténuantes, à l’auteur du crime. Ou on inverse la culpabilité… Il existe une certaine forme d’impunité. Pourtant, les choses sont en train de changer. Depuis 2017, le sexisme est devenu une circonstance aggravante des crimes et délits. D’autres circonstances aggravantes comme le meurtre perpétré par le conjoint, concubin ou partenaire de PACS, avait été étendu aux anciens partenaires en 2010.

Une femme meurt tous les deux jours

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en France, une femme meurt tous les trois jours des violences de son conjoint. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 130 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire intime "officiel" (conjoint, concubin, pacsé ou "ex") ou non officiel (petits-amis, amants, relations épisodiques...) en 2017. Elles étaient 123 en 2016. Une augmentation qui semble se confirmer en 2019 encore où, selon le décompte effectué sur Facebook par les bénévoles de la page "Féminicides par compagnons ou ex", trente femmes ont été tuées depuis le début de l’année, soit une victime tous les deux jours. Des chiffres qui ne doivent pas en faire oublier d’autres : 21 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire intime et 25 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.

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