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L'opposition syrienne déplore un "net recul américain"

par Marine Pennetier et John Irish

PARIS (Reuters) - Le coordinateur de l'opposition syrienne a déploré mardi un "recul très net" des Etats-Unis dans le dossier syrien et prévenu du risque d'un échec des négociations de paix qui doivent reprendre à Genève le 25 janvier, près de cinq ans après le début du conflit.

"Malheureusement il y a un recul très net et en particulier des Etat-Unis en ce qui concerne l'ordre du jour des négociations", a dit Riad Hijab devant l'association de la presse diplomatique française à Paris. "Ils veulent la création d'un gouvernement où le régime nous laisserait quelques ministères, ministères qui seraient donnés à l'opposition."

"C'est ce recul qui a permis l'adoption de la résolution 2254 qui comporte beaucoup de failles et dans laquelle il y a beaucoup d'ambiguïtés", a-t-il souligné.

Jusqu'alors paralysé par les vetos de la Russie et de la Chine, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté mi-décembre une résolution appuyant un processus politique pour tenter de mettre fin à la guerre.

La résolution 2254 prévoit notamment la mise en place d'un cessez-le-feu dans l'ensemble du pays puis la formation dans les six mois d'un gouvernement d'union nationale avant la tenue d'élections dans un délai de dix-huit mois.

Lors de ces discussions, "les Américains et les Russes n'ont pas cité (le président syrien Bachar al-NDLR) Assad, n'ont pas parlé de son départ du tout. C'est un recul très net", a dit Riad Hijab, nommé en décembre à la tête de la haute commission de l'opposition syrienne chargée de préparer d'éventuelles négociations avec le régime.

"Au moment où Obama déclarait qu'Assad avait perdu toute légitimité, (le chef de la diplomatie américaine-NDLR) John Kerry était en train de faire des concessions aux Russes", a-t-il ajouté.

Rappelant la volte-face américaine sur la ligne rouge des armes chimiques abandonnée par Barack Obama à l'été 2013, Riad Hijab, ex-Premier ministre d'Assad ayant fait défection en 2012, a estimé que "l'Histoire ne pardonnera[it] pas" au président américain.

"CHOIX DIFFICILE"

Prévues pour reprendre le 25 janvier sous l'égide des Nations unies, les discussions pourraient toutefois buter sur les bombardements des populations civiles attribués au régime syrien et à la Russie, fidèle alliée de Damas, et aux villes assiégées par le régime où la situation humanitaire est qualifiée de dramatique par les ONG.

L'opposition, qui a prévenu qu'aucune négociation ne serait possible tant que dureraient ces bombardements, est face à un choix cornélien, a souligné Riad Hijab, dont les propos ont été traduits en français par une interprète.

"Si nous n'allons pas aux négociations, ils vont dire que nous ne respectons pas les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu", a-t-il dit.

Dans le même temps, "nous sommes conscients que ces négociations ne vont pas réussir parce qu'elles n'ont pas été bien préparées. Si nous allons aux négociations et que ces négociations échouent, ce serait une catastrophe pour la société civile", a-t-il dit.

"Ça signifiera la fin de l'opposition modérée, l'extension l'extrémisme et l'augmentation du nombre de réfugiés", en particulier en Europe.

(Edité par Yves Clarisse)

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