Retrouvez Weekly sur Facebook

Temps réels

La déchéance de nationalité continue de semer le trouble au PS

PARIS (Reuters) - La controverse suscitée au sein du PS par le projet d'extension de déchéance de nationalité aux binationaux nés en France ne faiblit pas, Manuel Valls reprochant dans Le Journal du dimanche à une partie de la gauche de "s'égarer au nom des grandes valeurs" tandis que deux élus socialistes, Benoît Hamon et Julien Dray, affichent à leur tour leur opposition à cette initiative.

La mesure, jugée symbolique par le Premier ministre lui-même, figurera dans le projet de loi constitutionnelle voulu par François Hollande après les attentats du 13 novembre et sera débattue au Parlement au début de l'année prochaine.

De Martine Aubry, la maire de Lille, à Anne Hidalgo, la maire de Paris, plusieurs voix socialistes se sont déjà élevées publiquement contre le projet.

"Une partie de la gauche s'égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte, notre état de guerre, et le discours du président devant le Congrès", leur répond Manuel Valls dans le JDD.

"La détermination est totale, nous irons jusqu'au bout et que chacun à gauche en soit bien convaincu", poursuit-il.

Mais la mise au point ne convainc pas Benoît Hamon. Dans une interview publiée par le JDD, l'ancien ministre de l'Education, qui a quitté le gouvernement à l'été 2014 et retrouvé son poste de député des Yvelines, estime qu'inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité "revient à établir la distinction entre deux citoyens français de naissance, suivant qu'ils sont binationaux ou non".

"En introduisant cette distinction, la République n'est plus indivisible", poursuit-il. "Le symbole choisi, et quel symbole, envoie à des millions de nos compatriotes le message suivant: vous êtes des Français de seconde catégorie."

"SCHISME DANS LE PEUPLE DE GAUCHE..."

Prévenant qu'il "voter(a) contre cette proposition", l'ex-ministre dénonce une "transhumance politique et intellectuelle qui déboussole".

"Cette décision va provoquer un schisme dans le peuple de gauche mais aussi dans la communauté nationale. C'était une proposition de l'extrême droite, une proposition qualifiée dans un passé récent de 'dangereuse' par François Hollande et de 'nauséabonde' par Manuel Valls", indique-t-il.

L'ex-député socialiste Julien Dray confie, toujours dans le JDD, qu'"(il) ne (s)'explique pas la décision du président". "D'autant, ajoute-t-il, que nous étions nombreuses et nombreux à avoir le sentiment que l'exécutif se rendait compte des risques que représentait la mise en chantier concrète d'une telle mesure".

"Depuis le discours de François Hollande à Versailles le 16 novembre, je n'ai cessé de dire que cette mesure me semble ouvrir une polémique et des divisions inutiles dans le moment actuel", dit-il. "La France a mieux à faire que de se quereller sur une mesure dont tout le monde sait qu'elle n'est d'aucune efficacité, même symbolique, contre le terrorisme."

Le conseiller régional d'Île-de-France, présenté comme un proche de Hollande, propose à la place une "véritable peine d'indignité républicaine frappant les terroristes condamnés". "Cela éviterait de toucher au droit du sol et de créer - implicitement- plusieurs catégories de Français."

(Henri-Pierre André)

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


Suivez-nous

Les auteurs