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La sélection Manga de février 2019

Découvrez notre sélection lecture du mois confectionné par Mickaël Brun-Arnaud, responsable de la librairie spécialisée le Renard Doré. 

Créature Fantastiques chez Komikku

De quoi ça parle  ? Dans le monde de Créatures Fantastiques , la science commence à supplanter la magie en l’effaçant du cœur des humains, nous sentons vibrer comme les prémices d’une nouvelle ère... Les créatures fantastiques disparaissant peu à peu pour ne sembler venir uniquement que des pages des livres et des grimoires ; mais Ziska, une jeune fille apprentie vétérinaire résiste à cette évolution qui lui semble trop soudaine. Son histoire n’est pas celle de tout-un-chacun, l’élève descend tout droit d’une longue lignée de mages connus pour soigner les animaux par les plantes mais aussi par l’intermédiaire d’une belle forme de magie. Qui d’autre que Ziska pourrait protéger ces créatures mythiques qui menacent de s’éteindre ? Grâce à l’aide de son maître Nico, Ziska essaie quotidiennement de maintenir et prolonger leur vie. Mais pourquoi se rend-elle en secret dans la forêt pour soigner une étrange créature légendaire, à l’abri du regard de son maître d’apprentissage ? Peut-elle y arriver seule ? Qui de la magie ou de la science saura vaincre les maux de la créature de plumes et de chair ?
L'avis du libraire : Le manga Créatures fantastiques de Kaziya aux éditions Komikku n’est pas sans rappeler la magie des autres titres du même éditeur ; The Ancient Magus Bride par son esthétisme et son bestiaire, mais également Minuscule, par sa naturalité et les visages ronds et gracieux de ses personnages. Les décors fourmillent de détails, de grimoires, d’herbes séchées et d’alambics ; serions-nous arrivés dans la boutique d’un apothicaire ou le laboratoire d’un alchimiste ? Avec Créatures fantastiques, découvrez un monde de fantasy, à la croisée de la médecine et de la magie, là où l’avenir du soin de l’autre reste encore à écrire ! 

Beastars chez Ki-Oon

De quoi ça parle ? Dans une société anthropomorphique où semble régner le parfait équilibre, herbivores et carnivores se livrent une guerre culturelle et politique où les crocs et les griffes restent rangés dans leurs fourreaux de chair au profit d'une bataille de popularité, le Beastar. Du moins, jusqu'à présent ; car au cœur de l'institut Cherryton, un crime de sang vient remettre en cause la fragile stabilité du campus universitaire : le corps de l'alpaga Hem est retrouvé déchiqueté à la veille des représentations d'Adler, où il tenait l'un des rôles principaux. Tout accuse les carnivores ; serait-ce le loup Legoshi, l'ami mystérieux de Tem, qui l'aurait dévoré ? Lorsque le sang du mouton coule, on est toujours très tenté de blâmer l'estomac du loup... Dans cette guerre psychologique de territoire menée par Louis le cerf, représentant des herbivores qui convoite la place de Beastar, la tension monte sans espoir de retour...
L'avis du libraire : Après Beast Complex, inédit en France, Paru Itagaki nous propose une série magnifique, un thriller complexe au trait décomplexé qui, à travers le prisme de l'anthropomorphisme, analyse une société carnassière où chacun croit en sa supériorité et sa légitimité au sommet des pyramides sociales et alimentaires. L'ambition et la faim se confondent dans cette ode à la dévoration de l'autre pour se remplir soi-même ; une course au narcissisme et à la reconnaissance dont nul ne sait s'il en ressortira indemne... Grande sortie des éditions Ki-oon pour le début d'année 2019, Beastars séduira sans mal les mangavores à la recherche de puissance scénaristique et d'originalité de trait, mais aussi les amateurs de bande dessinée franco-belge, qui y retrouveront l'ambiance et l'élégance du passionnant Blacksad. 

Elin, dresseuse de bête chez Pika

De quoi ça parle ? Dans un univers où les créatures fantastiques et les hommes tentent de vivre en harmonie, un paisible village du royaume divin de Ryoza est chargé d'élever des Tôda, de dangereux dragons de combat utilisés pour la protection du royaume. Cette lourde tâche a notamment été confiée à Soyon, la mère d'Elin, dotée d'une véritable connexion avec ces créatures majestueuses. Alors qu'elle empêche sa fille de 10 ans d'approcher les Tôda, Soyon va être contrainte de briser l'un des interdits de son peuple, actionnant ainsi la roue du destin ! Quel est ce puissant lien qui unit la famille d'Elin aux êtres fantastiques ? Qui sont véritablement les Ahlyo, ce peuple aux yeux verts auquel appartient Soyon et qui semble si redouté des autres hommes ?

L'avis du libraire : Imprégnez-vous de l'ambiance tant fabuleuse que troublante de ce récit initiatique à l'héroïne respirant la vitalité, la curiosité et l'ambition malgré les épreuves qui lui sont soumises. Ce premier volet d'une série de 11 tomes instaure les prémices d'une histoire fantastique où les relations entre les hommes et les créatures qui peuplent ce monde merveilleux vont être examinées. L'univers qui se dessine ici paraît vaste et intrigant au vu de la diversité des créatures, mais également des peuples et des croyances qui sont d'ores et déjà abordés dans ce premier opus. Une série fantastique au graphisme justement précis à découvrir chez Pika Édition !

Graineliers chez Ototo Manga

De quoi ça parle ? Dans un monde où les graines possèdent des facultés extraordinaires, Lucas essaie de survivre en cultivant ses propres plantes, à l'abri des regards. Son père s'absente des heures durant dans un laboratoire dissimulé, travaillant sans relâche pour oublier que son épouse n'est plus. Quand la garde de l'Organisme de recherche des Graineliers frappe à leur porte, Lucas s'enfuit avec la consigne interdite d'avaler les quelques graines que son père lui a laissé - les hybrides mi-humains et mi-végétaux sont considérés comme morts aux yeux de la société. Réveillé d'un long sommeil, Lucas ignore ce que les graines lui ont donné, peut-être un fantastique pouvoir ; mais il ignore également ce qu'elles lui ont pris...
L'avis du libraire : Graineliers est une promesse de merveilleux, une plongée dans une fantasy délicate et naturelle, où l'amitié et l'amour défient les organisations rigides et toutes puissantes. Dans ce premier tome réussi, le lecteur est ému dans son rapport à la naturalité et dans ses valeurs familiales, bercé par un univers poétique, magique et sensiblement défini. Graineliers est la nouvelle série très attendue de Rihito Takarai. Née à Hiroshima, elle est l'auteure des magnifiques yaois Ten Count, Fleur et sens et Seul la fleur sait.... Le trait est reconnaissable entre mille ; sa finesse n'égale que sa précision dans des mises en scènes épurées mais imaginées avec un sens esthétique hors du commun. Au centre du récit, comme dans ses récentes productions, se trouvent et s’entremêlent une profonde végétalité et une intense sensibilité.

Jagaaan chez Kazé

De quoi ça parle ? Shintarô Jagasaki est un policier municipal qui mène une vie tranquille et rangée. Jugé un peu trop zélé par ses propres confrères, il traverse son quotidien en essayant de remplir tant bien que mal les attentes amoureuses et familiales de sa petite amie et sa mission de service public ; mais était-ce vraiment ce dont il rêvait ? Au fond de lui, Jagasaki ne rêve que d'une chose : être utile, être un héros et enfin trouver la situation qui lui permettrait d'utiliser son arme. Lorsqu'une pluie de grenouilles surnaturelles s'abat sur la ville et exacerbe les frustrations des citoyens en les transformant en montres sanguinaires, Jagasaki a enfin l'opportunité de devenir un héros ; mais en sera-t-il vraiment un ? Car lui même commence à ressentir les effets de la mutation ; son bras évolué deviendra t-il le nouveau bras de la justice ?
L'avis du libraire : Jagaaan est la nouvelle publication ultra-violente de Kaze manga. Scénarisée par Muneyuki Kaneshiro et dessinée par Kensuke Nishida, elle est une explosion graphique où l'horreur se trouve sublimée dans des scènes d'atrocités esthétiques, franches et incisives, qui ne sont pas sans rappeler l'intelligence visuelle de Junji Ito. Mais que se cache derrière cette violence évidente ? Véritable représentation d'une société abîmée par le désir et l'envie d'y céder, "Jagaaan" est une oeuvre de profondeur où chacun va, au fur et à mesure, atteindre les plus sombres recoins de son humanité. Comme le héros face à son miroir, pliant sous le poids de ses propres attentes, chacun est amené à examiner ses désirs et à trouver son identité derrière sa bonne conscience. En cédant à nos pulsions, serons-nous des héros, ou bien seulement des monstres... ? 

Celle que je suis chez Akata

De quoi ça parle ?  Celle que je suis est l'histoire de Yûji Manase, jeune étudiant et fervent participant d'un club de littérature et d'écriture. Peut-être par passion, peut-être parce que le regard de cet ami de longue date ne le laisse pas indifférent... Mais la découverte et l'acceptation de l'homosexualité ne sont pas au centre du récit - elles sont présentes, bien évidemment - mais Celle que je suis est avant tout une histoire d'identité ; dans cette construction fragile de celui ou celle que l'on sera, la société impose ses diktats, ses schémas identitaires prédéfinis, laissant finalement très peu de marge pour ceux qui ne savent pas, piégés dans l'entre-deux, le cœur perdu entre deux mondes.

L'avis du libraire : Celle que je suis est l'oeuvre de Suwaru Koko, dessinatrice (notamment de Boy's Love), et de Bingo Morihashi, romancier et scénariste de mangas et de jeux vidéos ; c'est une série en deux tomes dont le titre et la couverture sont déjà, en soi, une promesse d'émotions. Lorsqu'il s'agit des éditions Akata et des sujets de société, on sait presque immédiatement que le propos sera intense, sincère et puissant. On le sent d'ailleurs dès les premières pages, dès les premières cases, nous ne ressortirons pas indemnes de notre lecture... C'est cette souffrance et cette excitation toutes particulières de la transidentité que décrit Celle que je suis, sans brutalité ni heurts : le corps et le cœur qui s'enflamment au contact du tissu de la robe qu'on rêvait de porter, du rouge à lèvres qu'on mourrait d'appliquer, et de l'autre coté, cette culpabilité qui nous ronge de l'intérieur, cette peur d'être découvert, cette robe qui se déchire, ce vernis qui s'écaille. Celle que je suis est une oeuvre de subtilité, elle tend à une émotion subliminale, sans tendance à la métaphore comme pouvait le faire Eclat(s) d'Âme et sans la psycho-éducativité du Mari de mon frère. L'erreur serait de comparer ; car sa force intime, son inaltérable qualité : c'est sa délicatesse ; son infinie délicatesse, de son trait comme de son propos. Une merveille de sensibilité. 

Vous retrouverez tous ces mangas et d'autres conseils lectures à la librairie Le Renard Doré, spécialisée en culture japonaise. Adresse : 41 rue de Jussieu, 75005 Paris lerenarddore.fr

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