Le foot est-il malade ?

Bien que ce soit le sport le plus populaire et le plus pratiqué au monde avec 265 millions de pratiquants, dont 38 millions de licenciés, le football est aujourd’hui de plus en plus synonyme de violences, de racisme ou d’argent.

La Violence
Les récents événements autour des célébrations du titre du PSG ou de l’affrontement entre supporters lyonnais et marseillais ont remis sur le devant de la scène les problèmes de violence dans le football. Pourtant selon moi, ce sont deux choses différentes. Dans le premier cas, il s’agit de vulgaires casseurs qui profitent d’un événement festif pour se livrer à leurs activités préférées. Pathétique mais, à priori aucun lien direct avec le football, même si les supporters parisiens ont souvent fait parler d’eux ces dernières années. Dans le second cas, c’est plus problématique car il s’agit de supporters (ou pseudos supporters) qui s’en prennent à des supporters adverses. Sans vouloir approuver de tels comportements, je pense que l’on peut malgré tout les expliquer. En tant que sport le plus populaire dans le monde, le football touche toutes les catégories socio-professionnelles ou culturelles de notre société. Or notre société est, elle-même, une société violente et cette violence se retrouve naturellement dans le football. Cependant, la forme d’expression de cette violence la plus inacceptable reste celle que l’on rencontre lors de certains matchs amateur où il n’est pas rare de voir les rencontres se terminer en pugilat général ou en agressions sur les arbitres. Lorsque la violence se situe entre supporters à l’extérieur d’un stade, elle est déjà difficilement tolérable, lorsqu’elle touche les acteurs du jeu dans l’enceinte même d’un stade, elle devient scandaleuse et inqualifiable. Pour lutter contre ces formes de violences, les solutions sont les mêmes que dans la société civile : éducation et sanction. Anglais et allemands sont pratiquement parvenus à éradiquer le hooliganisme par des mesures disciplinaires fortes et nul doute qu’il faudra également en arriver aux mêmes mesures pour vaincre cette même violence en France, qui n’a heureusement pas encore pris l’ampleur qu’elle pouvait avoir dans les années 80 en Angleterre, mais n’attendons pas avant d’agir .

Le Racisme
Assurément c’est le principal fléau du football actuellement. Depuis quelques années les manifestations de racisme dans le football professionnel se sont accrues au point d’en devenir un problème majeur. Que ce soient les cris de singe qui descendent des tribunes lorsque des joueurs noirs foulent la pelouse ou le salut fasciste réalisé par un joueur pour fêter un but, les exemples ne manquent malheureusement pas. La FIFA et l’UEFA ont beau avoir fait de la lutte contre le racisme leur cheval de bataille et les affiches et banderoles condamnant le racisme ont beau se multiplier dans les stades, rien n’y fait. Selon moi, il n’y a pas de demi-mesure pour lutter contre ce phénomène, il faut que les instances sanctionnent les clubs et les joueurs avec la plus grande fermeté. Pour ce qui est des joueurs, les exemples de sanctions exemplaires sont fréquents. Ainsi un attaquant jouant en Angleterre a été suspendu 8 matchs pour des insultes racistes envers un joueur de couleur et le joueur qui a fêté son but avec un salut fasciste a été banni à vie de toute sélection nationale. Malheureusement les mêmes sanctions ne s’appliquent pas aux clubs dont les supporters font preuve d’un comportement raciste ou discriminatoire et ce sont souvent aux joueurs eux-mêmes de prendre les mesures qui s’imposent, par exemple en quittant le terrain. Concernant le racisme dans le football, il est, selon moi, plus que temps que les instances dirigeantes prennent des mesures fortes pour inciter les clubs à bannir les supporters racistes de leurs stades.

L’Argent
Aux yeux du grand public, le footballeur professionnel a souvent l’image d’un sportif surcoté et surpayé, surtout pour taper dans un ballon. S’il est vrai qu’en moyenne, le football est probablement le sport qui permet aux joueurs de gagner le mieux leurs vies, seuls 3 footballeurs figurent parmi les 10 sportifs les mieux payés au monde et encore aux 3 dernières positions de ce top 10 : il s’agit respectivement de Lionel Messi, David Beckham (aujourd’hui retraité) et Cristiano Ronaldo. Devant eux, on retrouve golfeurs, boxeurs, basketteurs US, pilotes de F1 ou tennisman et pour retrouver le 4ème footballeur le mieux payé, il faut aller au-delà de la 20ème place. Par contre, au niveau français, c’est une toute autre histoire : pas moins de 7 footballeurs figurent parmi les 10 premiers aux côtés de Tony Parker et Joakim Noah (basketteurs) ou Sébastien Loeb (pilote de rallye).

Cependant force est de reconnaitre que le foot est un sport qui paye bien et surtout qui paye de mieux en mieux. Il y a encore quelques années, les salaires étaient encore raisonnables mais l’arrivée de nouveaux investisseurs dans certains clubs a considérablement changé la donne et fait littéralement exploser les revenus des footballeurs. Ces clubs qui appartiennent à de très riches investisseurs ont considérablement déstabilisé l’économie globale du football mondial en y injectant de colossales sommes d’argent. Ainsi, aujourd’hui les transferts des plus grands joueurs se comptent en dizaines de millions d’euros et les salaires atteignent des montants record. A court terme, ces nouveaux propriétaires de clubs font le bonheur des supporters et des joueurs mais à moyen ou long terme, c’est toute l’économie du football qui pourrait être en péril. En effet, que se passera-t-il lorsque ces mécènes se retireront du football ? Les salaires des joueurs ne pourront plus être payés et les clubs respectifs se verront contraints de perdre leurs meilleurs éléments et de déposer le bilan pour repartir dans les divisions amateurs. Personnellement, je joue à un jeu de football sur Internet, qui consiste à manager une équipe. Ce jeu a connu dans le passé, plusieurs crises économiques, basés sur le fait que les salaires des joueurs étaient trop élevés entrainant de nombreuses faillites de clubs. La réaction des créateurs du jeu a été immédiate : une baisse globale des salaires des joueurs. Le résultat : une relance des transferts et une meilleure santé économique de l’ensemble des clubs. Dans le basket professionnel américain, ces sont également ces mêmes mesures qui sont appliqués avec un plafonnement de la masse salariale des franchises mais dans le football, l’UEFA a imaginé une autre réplique : le fair-play financier. La règle est simple : les clubs ne pourront pas dépenser plus d’argent qu’il n’en gagne et les conséquences d’un non-respect seront l’exclusion de toute compétition européenne. Espérons désormais que cette règle sera appliquée et respectée afin que le football sorte de cette spirale de surenchères des salaires et des transferts. Si la tendance actuelle ne s’inverse pas rapidement, la note en maillots et billets pourraient devenir salée pour les supporters.

Le football malade, mais …
Oui, le football est malade. Il souffre d’une image déplorable et la violence et le racisme dans les stades font régulièrement les unes des magazines. Les footballeurs, quant à eux, sont de plus en plus perçus par une majorité de la population comme des personnes arrogantes, parfois incultes et surtout surpayées. Et ce n’est pas pour rien que la Fédération Française de Football a perdu 500 000 licenciés en 4 ans entre 2007 et 2011, soit 20% du nombre de licenciés total. Certes la pratique du football est contraignante avec souvent plusieurs entrainements dans la semaine et un match le week-end, mais, force est de constater qu’aujourd’hui, les jeunes se tournent vers de nouveaux sports comme le rugby, le tennis, le basket, le hand voire le golf.
Malgré tout le football reste le sport numéro 1 dans le monde et en France, et même s’ils ne le pratiquent pas en club, tous les enfants du monde jouent au foot dans les cours de récréation et s’extasient devant les exploits de leurs idoles. Finalement, il suffirait d’un peu de bon sens et de mesure de la part des principaux acteurs du football pour que celui-ci retrouvent son lustre d’antan.

Après tout, Les grands joueurs du passé sont devenus des légendes par leurs actions d’éclat et leur palmarès flamboyants. Espérons que les grands joueurs actuels le deviendront autrement que par leurs salaires démesurés et le coût de leurs transferts.

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