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Les Taïwanais votent pour leur président et les liens avec Pékin

par Faith Hung et Yimou Lee

TAIPEI/YILAN, Taïwan (Reuters) - Les Taïwanais se sont rendus aux urnes samedi pour élire leur nouveau chef de l'Etat qui devrait, à en croire les sondages, être pour la première fois une femme et une partisane affichée de l'indépendance de l'île.

Les bureaux de vote ont fermé en milieu d'après-midi et les premiers résultats devraient être connus à partir de 18h00 locales (10h00 GMT) avec projection du nom du vainqueur par les médias nationaux.

Le scrutin est suivi de très près à Pékin, qui a multiplié ces derniers mois les mises en garde contre toute velléité de déclaration d'indépendance de Taïwan.

Depuis l'élection de 2008 qui a vu la victoire du pro-chinois Ma Ying-jeou, les relations entre Taïwan et la Chine se sont réchauffées, en témoignent les nombreux accords commerciaux conclus entre Taïpei et Pékin et la rencontre historique de Ma et Xi Jinping en novembre.

Mais la grande favorite du scrutin de samedi, Tsaï Ing-wen, à la tête du Parti démocratique progressiste (DPP), ne cache pas son hostilité à l'égard de Pékin où l'on continue de juger Taïwan comme une région rebelle qui doit revenir dans son giron, par la force si nécessaire.

La candidate indépendantiste a néanmoins joué l'apaisement à la veille du scrutin en prônant le maintien du statu quo entre les deux territoires.

Samedi, la dirigeante de l'opposition a dit avoir l'esprit tranquille et le sentiment du devoir accompli au moment de déposer son bulletin dans l'urne dans la banlieue de Taïpei. "Nous avons fait tout ce que nous pouvions. C'est maintenant aux électeurs de décider", a-t-elle dit.

"MA S'EST TROP RAPPROCHÉ DE LA CHINE"

Le Kuomintang, parti nationaliste au pouvoir depuis la sécession de l'île en 1949 et dont est issu le président sortant Ma Ying-jeou, qui ne pouvait pas briguer un nouveau mandat, a prévenu les électeurs que la question de la stabilité était le principal enjeu du scrutin.

Mais si les relations avec Pékin se sont améliorées ces dernières années, cela n'a pas empêché l'économie de l'île d'entrer en récession l'an dernier.

"Pendant les années où Ma Ying-jeou a été au pouvoir, l'économie n'a pas progressé mais s'est au contraire dégradée. Les gens pensent qu'il s'est trop rapproché de la Chine", résume Deng Chia-ling, une femme au foyer de 40 ans qui a voté pour Tsaï Ing-wen.

La popularité du DPP s'est envolée après les manifestations de 2014 contre les accords commerciaux signés par Ma avec la Chine, dont nombre de Taïwanais redoutent l'influence et les ambitions.

"Je n'ai pas peur de la Chine. Nous sommes un Etat démocratique et c'est la Chine qui a des leçons à prendre de nous", assène un paysan de 70 ans, qui dit s'appeler Chen, en faisant la queue devant un bureau de vote dans la région rurale de Yilan, à l'est de la capitale.

"Cette élection est vitale parce que nous défendre notre souveraineté", ajoute-t-il.

(Avec Ben Blanchard; Nicolas Delame, Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)

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