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Migrants: l'UE envisage d'accroître les compétences de Frontex

par Gabriela Baczynska et Alastair Macdonald

BRUXELLES (Reuters) - Face à la crise migratoire, l'Union européenne pourrait autoriser l'agence Frontex à assurer la surveillance des frontières d'un Etat membre afin de protéger l'espace Schengen, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques à Bruxelles.

Une telle décision devrait susciter une vive opposition de la part de certains pays soucieux de préserver leur souveraineté.

Une extension des compétences de Frontex, agence chargée de la coopération aux frontières extérieures de l'Union, est notamment souhaitée par le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière.

"La Commission devrait présenter une proposition dont le but est que Frontex puisse se substituer à un Etat national qui ne parvient pas à remplir d'une manière efficace ses obligations dans la défense des frontières extérieures", a-t-il dit à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens.

Thomas de Maizière a précisé que la France et l'Allemagne souhaitaient un renforcement des compétences de Frontex qui, pour l'instant, se résument principalement à une coordination entre les différentes autorités frontalières nationales.

Les ministres de l'Intérieur discutent à Bruxelles des moyens de préserver l'espace Schengen au moment où la Grèce est critiquée par ses partenaires pour son manque d'efficacité à contrôler l'afflux de migrants entrant sur son territoire en provenance de Turquie.

"UN GRAND PAS"

Les traités européens prévoient une responsabilité souveraine des Etats sur les frontières extérieures de Schengen relevant de leur territoire.

Mais la situation de la Grèce submergée par l'arrivée de migrants a incité d'autres Etats membres à imposer des contrôles à l'intérieur de l'espace de libre circulation et à demander une approche plus collective concernant les frontières extérieures.

Face à cette situation, Athènes a accepté jeudi soir l'aide de l'UE pour surveiller ses frontières alors que se profilait une menace de suspension de la Grèce de l'espace Schengen.

Un porte-parole de la Commission européenne a précisé que cette dernière pourrait présenter le 15 décembre une proposition en faveur du déploiement de gardes-frontières et de garde-côtes européens.

"Une possibilité serait de ne pas rechercher obligatoirement le feu vert de l'Etat concerné pour déployer Frontex à ses frontières. Un vote à la majorité des 28 pays de l'Union pourrait suffire", a déclaré vendredi un responsable européen.

Pour le ministre suédois de l'Intérieur, Anders Ygeman, le contrôle des frontières est de la compétence de chaque Etat membre et il semble donc difficile d'imposer le déploiement de gardes européens sans le consentement du pays concerné.

"D'un autre côté, il faut bien protéger les frontières de l'espace Schengen. Si un pays n'est pas capable de surveiller sa propre frontière, il peut soit quitter Schengen, soit accepter le déploiement de Frontex", a-t-il ajouté.

Les ministres de l'Intérieur ont accueilli avec soulagement la décision d'Athènes, jeudi soir, d'accepter l'aide européenne.

"La Grèce assume finalement ses responsabilités", a déclaré la ministre autrichienne, Johanna Mikl-Leitner. "Cela faisait des mois que je demandais que la Grèce reconnaisse ces responsabilités et accepte l'aide de l'Europe. C'est un grand pas en avant."

(Avec Tom Koerkemeier à Berlin; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)

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