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Mort du RER C : clichés, préjugés et société désenchantée

Il a perdu la vie pour une histoire de cigarette dans un train. Un fait divers qui en dit long sur notre façon de penser. D’appréhender. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Dans quel monde vivons-nous ? Et que devenons-nous ? Hier, entre l’attente de la Palme d’or et le début pluvieux de Roland Garros, une nouvelle tristement banale est tombée. "À la suite d'une altercation pour une affaire de cigarette entre un homme de 64 ans et une bande de jeunes, un mort dans le RER C". Première réaction, sans avoir lu plus loin : "oh, le pauvre vieux, il s’est fait planté par une bande de racailles pour une histoire à la noix". Colère. Incompréhension. Bouffée de haine. Puis très vite, la douche froide. Ce n’est pas le sexagénaire qui est mort poignardé, c’est lui qui aurait porté le coup de couteau fatal à un jeune homme de 22 ans. Deuxième réaction, sans avoir lu plus loin : "il n’avait pas le choix, il a dû se défendre et la racaille s’est pris un mauvais coup, ce n’est pas de chance". Et là, re douche froide. Selon une source judiciaire, citée hier soir par le Parisien, deux témoins concordants ont assuré que le sexagénaire avait asséné le coup dans le dos de sa victime alors que le jeune homme, ainsi que tout son groupe, descendait du train arrivé en gare de Juvisy-sur-Orge. Branle-bas de combat. La presse se réorganise. L’affaire n’est plus : "un jeune mort pour avoir fumé une cigarette dans un train". Adieu la légitime défense trop rapidement avancée. Le justicier de l’ordre moral ne sera pas encensé. Ni même plaint. Peu importe qu’il ait été molesté. Peu importe qu’il ait été seul contre dix. Peu importe qu’il ait eu le courage de s’opposer à tant d’incivilités.

Que retenir de cette histoire ? Que nous sommes manipulés par l’information ? Qu’on nous balance des faits sans qu’ils soient vérifiés ? Ce n’est pas seulement ça. Le malaise est plus profond. Cette affaire fait ressurgir ce qu’il y a de plus dangereux chez nous. Quelque chose de tapi au fond de nous. Quelque chose que l’on essaie d’étouffer. Que l’on voudrait faire taire. Cette irrépressible facilité à raisonner à grand renfort de clichés et de préjugés.

Les prochains jours nous donneront de plus amples explications. Chacun se fera une idée. Choisira son camp. Mais comme après une belle gueule de bois, on se rappellera surtout que deux hommes ont perdu la vie. L’un est mort. L’autre finira probablement en prison. Parce que notre société n’en est plus une.

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