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Netflix : vos films et séries en illimité, façon américaine

En échange d'un abonnement mensuel de quelques euros, vous pourrez dès septembre accéder en illimité à de nombreux films et séries. Netflix, la célèbre entreprise américaine, décrite comme révolutionnaire, va bien débarquer en France au grand dam de nos chaînes et opérateurs français. Qu'en est-il réellement ?

Netflix, vous connaissez ? Société américaine présente dans une quarantaine de pays et revendiquant aux alentours de la cinquantaine de millions d’abonnées ?

Si Deezer, Spotify, ou Napster vous parlent, alors voyez Netflix comme le même type de service avec comme objectif, non plus la musique, mais des films et séries.

Si ces sociétés, on pourrait dire services, ne vous disent rien, sachez qu’elles reposent sur le concept du « on-demand ».

Quand radio et télévision, vous obligent à écouter, regarder un programme imposé, avec le « on-demand » vous êtes libre : vous choisissez quoi et quand.

Music-on-demand pour Deezer, Spotify et Napster, Video-on-Demand (VoD) pour Netflix.

Le terme de VoD doit assurément vous parler, probablement l'offre de Canal+ avec CanalPlay ; à moins que ce ne soit l'offre d'un concurrent, car il y en a bien d’autres. Les offres de vos box internet ou de vos opérateurs mobiles, Orange, Free, Sfr, Bouygues, Numéricable, tous vous proposent ce type de service. Et ce ne sont pas les seuls, nos chaînes nationales sont de la partie. TF1, France Télévision, Canal, M6, et consorts avec plus ou moins de services. Des services gratuits de visionnage de documentaires, séries/feuilletons, émissions, souvent. Et des services payants pour voir des films ou séries spécifiques, en langue française, anglaise, généralement. N’oublions pas non plus les autres. Google Play, VideoFutur, Amazon Instant Video, etc.

Quel est l’intérêt de Netflix alors ?

Netflix étend le concept de VoD à celui de SVoD, c'est-à-dire Subcription Video-On-Demand, littéralement traduit « Vidéo à la demande avec abonnement ». Ainsi, au lieu d’avoir un coût à la visualisation d’une vidéo, avez-vous, moyennant un abonnement souvent mensuel, accès à un catalogue illimité de films et séries ; et ceci sur de nombreux appareils : télévision, tablette, téléphone, console de jeux.

Le concept ne vous semble pas révolutionnaire et encore moins nouveau ? Vous avez bien raison. Le concept de SVoD est déjà implanté en France par certains des acteurs suscités, Canal+ et son CanalPlay Infinity en tête mais il ne faut pas oublier M6 et son Pass Séries, l’offre payante de DailyMotion, Kids+, etc.

Nous en passons, et des meilleurs comme Netgame et sa box VideoFutur, FilmoTV et ceci pour une raison simple. Si vous avez déjà observé le contenu de ces services, si les séries peuvent être récentes, les films vous sembleront bien anciens. Du vu et revu, et guère de véritables nouveautés sur le SVoD. Nulle comparaison possible, du moins a priori, avec la VoD.

La raison est en realité guère surprenante. Il existe en France un sacro saint principe de chronologie des médias que vous pouvez officilellement associer à la nécessité de protéger les oeuvres intellectuelles et officieusement y comprendre un lobby des producteurs de film.

Après sa sortie au cinéma, un film doit attendre 4 mois pour être disponible sous DVD, Blue-Ray ou VoD classique. Il faut ensuite attendre 10 mois pour être diffusable sur Canal+ et au moins 12 mois pour les autres chaînes. Enfin, après tous ces périples, le film a le droit d’être diffusable via SVoD ; roulement de tambour, non pas après 18, 24 ou encore 30 mois ; il faut en attendre pas moins de 36 !

Et ce n’est pas la seule contrainte. Un service de SVoD en France est contraint financièrement à participer aux créations cinématographies françaises et européennes.

Tout cela irait parfaitement si Netflix n’était pas installé aux Pays-Bas. Ainsi voilà ce service exonéré de la contrainte financière dite d’exception culturelle. Pire, en théorie le service pourrait ne pas s’astreindre à la chronologie des médias et aux fameux 36 mois français. Il y a toutefois peu de chance qu’il s’y aventure ; le risque de perdre judiciairement étant trop grand.

Quel avantage de Netflix si le contenu cinématographique sera a fortiori le même que celui des services français?

L’enjeu se joue au final sur les séries, fer de lance des chaines, où les contrats se négocient au cas par cas sans chronologie des médias ; d'autant plus que des sommes gigantesques sont désormais dépensées pour produire du contenu de qualité, sans lésiner si besoin sur les coûts en effets spéciaux.

La capacité financière de Netflix est telle qu’elle se propose d’investir 4 fois plus dans son propre contenu que TF1, première chaîne européeene. Quand on connaît le succès de House of Cards, produite par Netflix, le service américain a donc de quoi faire peur à ceux français en faisant réduire leur audience.

Notre ministre de la culture et communication, Aurélie Flippeti, a proposé de permettre aux services SVoD qui participent à l’exception culturelle française et européenne, financement et exposition d’œuvres, de pouvoir réduire la chronologie des médias de 36 mois à 24 mois. Reste à savoir si cela sera suffisant.

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


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