Nevada, Dirty God, Le Daim… trois belles raisons d’aller au cinéma
Une histoire de résilience féminine, une amitié improbable entre un prisonnier et un mustang et un Jean Dujardin parlant avec son blouson…voilà un condensé des jolies idées de cinéma de la semaine.
Et si vous alliez au cinéma cette semaine ? Parmi les nombreuses nouveautés de ce mercredi 19 juin, on a sélectionné pour vous trois propositions de cinéma différentes : fortes, ambitieuses et étonnantes.
Nevada, de Laure De Clermont-Tonnerre
De quoi ça parle ? Roman est incarcéré depuis plusieurs années, préférant l’isolement à la vie en communauté, il semble avoir abandonné toute forme de rédemption. Quand on lui propose de participer à un programme de dressage de mustang, il va peu à peu s’ouvrir à nouveau au monde extérieur.
Pourquoi il faut le voir ? Pour son premier long métrage, Laure De Clermont-Tonnerre frappe fort. Très fort. Son Nevada est une histoire d'amitié improbable entre un mustang sauvage qui refuse de renoncer à sa liberté et un prisonnier longue durée résigné. La caméra de la cinéaste filme avec subtilité les destinés parallèles de ces deux têtes brûlées qui vont apprendre à se réinventer ensemble. Le rapport homme/animal prend, avec ces deux là, une forme quasi politique. Le film reste toujours entièrement au service de ces outsiders. Comme si la réalisatrice nous rappelait à quel point leur combat était nécessaire pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. L'imagerie du long métrage oscille entre le genre carcéral et le western pour mieux s'inscrire dans la grande tradition du cinéma américain. Enfin Matthias Schoenaerts, tout en force brute et mutique, possède décidément ce charme indéfinissable qui le pose en bad boy mythique de cinéma. Un beau film tout simplement.
Dirty God, de Sasha Polak
De quoi ça parle ?
Jade était une jeune femme ordinaire. Mère d’une petite fille de deux ans. Mais quand son ex décide de lui jeter de l’acide au visage. Toute sa vie va être chamboulé. Elle va devoir apprendre à s’accepter et à recommencer à vire.
Pourquoi il faut le voir ?
Sasha Polak est néerlandaise. Et pourtant quand on voit la manière dont elle filme l’Angleterre, on a du mal à imaginer qu’elle n’ait pas grandi dans les quartiers populaires où évolue son héroïne Jade. Cette forme de cinéma brute agrémentée d’effets élégiaques résonne un peu comme du Ken Loach. Mais au-delà de cette parenté cinégénique, Dirty God se révèle surtout être un remarquable portrait de femme. Le film pose des questions pertinentes sur notre rapport aux autres quand notre corps est recouvert de cicatrices. Comment continuer à vivre et oublier nos blessures quand les autres nous dévisagent sans arrêt ? On aurait peut-être aimé que le film aille plus loin sur la question des violences faites aux femmes. Mais Sasha Polack avait d’autres messages à faire passer. Et le fait d’oser aborder la problématique de la misère sexuelle d’un point de vu féminin apparaît comme un geste fort. Bref, vous risquez de voir le monde différemment en sortant de la projection…
Le Daim, de Quentin Dupieux
De quoi ça parle ? George a 44 ans et s’offre un blouson 100 % daim. A partir de là, il se lance dans un projet qui impliquera une serveuse monteuse, une pale de ventilateur et une caméra.
Pourquoi il faut le voir ? Amis amateurs de rationalité, passez votre chemin. Vous entrez ici dans le monde absurde de Quentin Dupieux, où un homme devient fou après avoir acheté un blouson en daim. A franges. Qui il était avant cet achat, nous n’en seront rien ou presque. Mais peu importe la cohérence pourvu qu’on ait l’ivresse. Et question ivresse, on est servi dans les grandes largeurs à coup de pale de ventilateur. Vous apprécierez les références à Dario Argento ou à George Romero qui s’invitent sur l’écran. Pour le reste, le sens de l’entreprise nous échappe complètement. La vérité est ailleurs comme disait Chris Carter. Par contre Jean Dujardin et Adèle Haenel semblent s’amuser comme des petits fous. Pour notre plus grand plaisir.