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Sport

OM-PSG : l’histoire d’une guéguerre et d’un classico qui n’en est pas un

Si la semaine est marquée par les rencontres européennes (Ligue des Champions et Ligue Europa), un grand nombre de supporters français a le regard tourné vers une tout autre rencontre : celle opposant le Paris Saint Germain à l’Olympique de Marseille.

Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, le "classico" est la rencontre de ligue 1 la plus attendue de l’année, et a par le passé souvent été le théâtre de fortes tensions, tant sur le terrain qu’en dehors. Si on comprend davantage les tensions pouvant animer un derby entre Lyon et Saint-Étienne par exemple, certains ont du mal à comprendre la naissance de la rivalité entre les deux métropoles. Retour sur une vieille histoire.

Une question d’âge

L’Olympique de Marseille est le plus "populaire" des clubs les plus vieux. Né en 1899, le club a aujourd’hui presque 120 ans d’histoire et est à ce jour le seul club français à détenir le trophée de la Ligue des Champions (obtenu en 1993).

Face à lui, le Paris Saint Germain, fusion entre le Stade Saint-Germain et le Paris Football Club, n’est né qu’en 1970, et peut apparaître comme un arriviste auprès des autres clubs historiques.

Bernard Tapie contre Canal +

Jusqu’à la reprise du club Olympien par Bernard Tapie, l’OM a d’autres rivalités. D’un point de vue purement footballistique, on parlera des rivalités contre Bordeaux ou encore l’ASSE, qui se livrent une bataille afin de se hisser au plus haut du classement. D’un point de vue régional, on parlera plutôt de rivalités avec l’OGC Nice et le Nîmes Olympique. Lorsque Bernard Tapie décide de reprendre le club en 1986, il décide d’y donner une nouvelle impulsion, en recrutant notamment de jeunes espoirs français et internationaux de classe mondiale, afin de pousser l’Olympique vers les sommets.

Cinq années plus tard, c’est le Paris Saint Germain qui est racheté, cette fois-ci par le groupe Canal + ; qui placera Michel Denisot à la tête du club. Un effectif fourni (Paul le Guen, Ricardo, Valdo …) vient garnir les rangs de la capitale, afin donner la chance à ce très jeune club de représenter un véritable impact économique/sportif côté francilien.

Du théâtre

Nous sommes donc en 1991, les deux entités visent les sommets, alors pourquoi ne pas ajouter un peu de beurre dans les épinards ? Un habile jeu de médias voit alors le jour, certains journaux sportifs parisiens ou marseillais tentant de décrédibiliser l’équipe adverse en affichant ses plus mauvais côtés, tout en conservant de bonnes relations entre Mr Denisot et Tapie. L’heure est donc au spectacle, la rivalité est montée de toute pièce. Cependant, cette rivalité factice fonctionne ; puisque les rencontres entre le PSG et l’OM battent les records d’affluence, et que la rencontre en Olympiens et Parisiens de 1993 dégénère en tribune, au point de forcer l’arbitre à arrêter la rencontre.

Du côté des supporters, on assiste également à l’émergence des deux groupes historiques (Boulogne Boys pour Paris et Comando Ultra pour Marseille) sur la scène européenne, chacun essayant de faire valoir sa supériorité vis-à-vis des tribunes. Les supporters s’occupent donc eux-mêmes de nourrir cette rivalité, qui existe encore aujourd’hui.

Un vrai classico ?

D’un point de vue sociologique, on peut étudier cette rivalité d’un autre œil. Il nous suffit de nous arrêter dans un troquet un soir de match, et d’écouter jacasser le comptoir. « Paris est hautaine » « Marseille est sale » « Les titis de la capitale sont racistes » « Les Marseillais ont acheté la coupe », chacun fustige l’autre dans cette guéguerre ou la Capitale est opposée à la Province, ou le mode de vie, l’accent, le goût ou le tempérament est mis en avant dans une ville qui ne ressemble en rien à l’autre.

Mais pouvons-nous réellement parler de classico ? Pour rappel, ce terme est utilisé pour définir la rencontre entre le Réal Madrid et le FC Barcelone, à une époque où le Réal Madrid symbolisait le franquisme quand le FC Barcelone représentait la lutte pour un maintien de la culture catalane, bafouée par le gouvernement totalitaire.

Alors clairement non. Cependant, ces rivalités font du football le sport qu’il est devenu, et permettent une représentation allant bien au-delà du sport, puisqu’on parle ici d’une fierté territoriale.

Et puis après tout, qu’en est-il réellement de cette fierté territoriale ? Lorsqu’un des deux clubs est détenu par des fonds d’investissement étrangers, que le football populaire tend à mourir, et que les supporters n’ont même pas le droit de se déplacer, on est en droit de se poser la question.

La réponse est toute trouvée ; rendez-vous sur le terrain, et que les 22 acteurs soient capables de représenter le blason qu’est le leur comme il se doit.

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