Ouragan Irma : que se passe-t-il à Saint-Martin?

"L'Etat a fait face". Le gouvernement ne cesse de clamer sa mobilisation totale depuis plusieurs jours. Emmanuel Macron va se rendre sur place mardi. Comme pour rassurer. Pour assurer que face à l'ouragan Irma qui a dévasté Saint-Martin et Saint-Barthélémy, tous les moyens sont déployés, même renforcés en permanence et qu'il n'y a pas de faille.

Bien sûr il y a des secours, des forces de l'ordre, des personnels qui se dépassent avec abnégation pour apporter leur aide sur le terrain. Et pourtant. Serait-ce trop pour les autorités d'admettre qu'il y a eu un manque d'anticipation, de préparation ? Beaucoup ont pensé qu'Irma ne serait qu'un ouragan de plus, qui allait souffler fort mais qui ne ferait pas grand mal. En cette période d'activité cyclonique bien connue de ceux qui vivent dans la zone, il n'allait pas être le premier et tout serait rapidement maîtrisé. La nature est certes imprévisible mais face à un tel drame, il y a de quoi se poser des questions sur la gestion voulue méthodique des événements.

Oui la critique est facile et ceux qui jugent sans agir sont nombreux. Les rumeurs, les polémiques naissent et se noient dans un flot confus d'informations. Et malheureusement elles éclipsent les vrais témoignages, les appels à l'aide qui sont les seuls qui devraient être entendus. Des Saint-Martinois qui doivent former avec des inconnus un groupe de défense improvisé pour se protéger des pillages. S'armer aussi parfois par peur des attaques. Les communications qui ne se rétablissent pas autant chez tous les opérateurs, laissant des familles dans l'angoisse, attendant encore des nouvelles plus de cinq jours après le passage de l'ouragan. Des familles démunies qui attendent des évacuations qui tardent à venir, espérant une mise à l'abri de leurs proches au plus vite.

On parle déjà de reconstruction.. Personne n'est assez stupide en voyant les images des îles détruites pour penser que cela ne va pas s'inscrire dans la durée. Dans la douleur aussi pour ceux qui ont tout perdu et qui ne parviendront pas à faire face, sur le plan matériel et émotionnel. Il faudra reconstruire ces bijoux de la Caraïbe mais l'urgence est là, bien réelle pour ceux qui viennent de vivre l'horreur. Et à nouveau, pour les témoins d'une telle catastrophe et de ses conséquences, il y a ce goût amer que les Outre-mer sont bel et bien des territoires français "entièrement à part" et non français "à part entière".

Non, il y a assurément quelquechose qui ne va pas, qui sonne faux. Encore une fois. Une fois de trop ?