Présidentielle : le Front républicain en marche ?

Aux QG de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon, les militants présents y auront cru jusqu'au bout. Jusqu'au décompte des dernières secondes, avant que les visages des deux premiers s'affichent sur les écrans. Les visages d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, comme le prédisaient les sondages depuis plusieurs semaines. Ils ne se sont pas trompés d'ailleurs cette fois.

En 2002, la surprise avait été totale, ceux qui l'ont vécu s'en souviennent. Immédiatement dans les rues, une foule était descendue pour dire non à l'extrême droite. Plusieurs jours de suite, la mobilisation avait rassemblé des milliers puis des millions de personnes à travers toute la France. Chacun préparait des pancartes avec les moyens du bord, souvent avec les mêmes mots, et partait à Paris de Bastille à Nation, à République.

Mais qu'en sera-t-il quinze ans plus tard ? Le résultat semblait tellement attendu et le score est si important qu'on peut douter de l'ampleur d'une opposition. La voix va-t-elle rugir de la rue, sortir puissante, et monter jusqu'au deuxième tour ?

Dès l'annonce des deux qualifiés, certains ont franchement appelé à voter Emmanuel Macron. D'autres du bout des lèvres ont préféré ne pas prononcer son nom et dire qu'ils feraient, malgré tout, barrage à l'extrême droite. Il y a aussi ceux qui ne donnent aucune consigne et ceux qui, la défaite amère, assument de dire que l'un ou l'autre, ça ne changera pas grand chose et qu'ils glisseront un vote blanc dans l'urne.

Le Front national n'a jamais été aussi proche d'arriver au pouvoir, et cela ne choque plus autant. En quinze ans, la France a décidément bien changé.