Présidentielle 2017 : le hold-up de la démocratie

C’est officiel. On le sait depuis ce week-end : ils sont onze candidats à se présenter à l’élection présidentielle 2017. Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoît Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou. Les autres n’ont pas réussi à rassembler les 500 parrainages nécessaires pour se lancer dans la course.

Les Français vont donc voter dans un peu plus d’un mois. Le premier tour de l’élection présidentielle se déroule le 23 avril prochain. Un mois encore de campagne. Et quelle campagne ! Noyée dans les affaires, elle s’enlise dans les scandales, les coups bas et les trahisons. Mais ce n’est pas le pire. Depuis des mois, politiques, élus et médias volent ce scrutin aux Français.

Pas plus tard que ce soir, TF1 a organisé le premier débat entre les candidats. Tous ? Non… Seuls les cinq principaux (François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, et Jean-Luc Mélenchon) ont eu les honneurs de la chaîne. S’estimant lésé, Nicolas Dupont-Aignan a même saisi le Conseil d’Etat. Ce dernier a répondu que ce débat à cinq ne constituait pas "une méconnaissance du principe d’équité". Pourquoi ? Abracadabra… Parce que si la liste des candidats à la présidentielle a été annoncée ce samedi, elle ne sera publiée que ce mardi 21 au Journal officiel. Et que c’est cette publication qui ouvre la période d’équité de temps de parole entre les candidats dans les médias audiovisuels. Le débat n’était donc pas concerné !

Il faut aussi dire que, contrairement à ce que pensent (espèrent ?) les Français, les médias font bien ce qu’ils veulent. On nous brandit l’étendard du CSA et du temps de parole. Mais on se garde bien de nous rappeler la différence entre équité et égalité. Aujourd’hui, les chaînes de TV et les radios doivent veiller à ce que les "temps de parole soient équilibrés afin de refléter la réalité du paysage politique français". En plus clair, les "grands" candidats ont le droit à plus de temps que les "petits". Et tout le monde trouve ça normal ? L’égalité du temps de parole n’entrera en vigueur que le 10 avril prochain. Deux semaines… C’est ça, la démocratie : donner sa chance à tous les candidats de manière équitable, deux semaines seulement avant le premier tour du scrutin.

Mais le hold-up de la démocratie n’a pas débuté hier. Il a commencé il y a des mois, lorsque certains partis ont décidé d’organiser des primaires, privant des millions de Français de choisir, le jour de la présidentielle, leur candidat. Sans parler des "trahisons" et des changements de camps de dernière minute. Il s’est poursuivi avec la modification des règles sur les parrainages. Et même avec le principe même de parrainages. Certains lui préféreraient un assentiment citoyen. Et pourquoi pas ? Une sélection par le peuple et pour le peuple.

Car rappelons-le, la démocratie désigne un régime politique dans lequel le peuple a le pouvoir. Mais qui s’en soucie encore ?