Retrouvez Weekly sur Facebook

L'essentiel de l'actu

Quand la liberté de manifester passe après l’Euro 2016

Peut-on tolérer que sa liberté soit bafouée au nom d’une compétition sportive ? Peut-on envisager que l’Euro 2016 soit plus important que les valeurs humanitaires ? Peut-on nous priver du droit de manifester ?

La semaine dernière, François Hollande l’a répété en Conseil des ministres, au lendemain des dégradations connues sur la manifestation du 14 juin : la prochaine manifestation contre la loi Travail pourrait être interdite. En attendant, d’autres rassemblements n’ont pas eu lieu, à cause du sacro-saint "ordre public". Mais pas seulement…

Ce week-end, le collectif britannique Stand Up to Racism avec les associations Stop the War et People’s Assembly, avaient prévu un convoi de 200 véhicules pour acheminer en France de l'aide matérielle aux migrants. La Préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio leur a opposé une fin de non-recevoir. Dans le long arrêté qu’elle a pris, elle a avancé une justification qui peut laisser perplexe : "l’organisation en France du Championnat d’Europe de football, dont une rencontre le 19 juin à Lille opposant la France à la Suisse, conduira à accueillir de nombreux supporters (…), nécessite là encore une très forte mobilisation des forces de sécurité intérieure (…), que compte tenu de cette mobilisation exceptionnelle, les forces de l’ordre ne pourront être mobilisées pour (…) la manifestation revendicative envisagée".

En plus clair, les flics ont mieux à faire. Protéger les Français d’une éventuelle menace terroriste pendant l’Euro. Ce qui est recevable. "Encadrer d’éventuels débordements". Ce qui l’est beaucoup moins. Comment peut-on cautionner qu’une manifestation soit interdite parce qu’une bande d’abrutis avinés a besoin de se faire rappeler à l’ordre ? Comment envisager qu’un convoi humanitaire soit bloqué à Douvres pour que des fous furieux puissent se jeter des cannettes à la figure ? Comment concevoir que la situation des migrants de Calais passe après le saccage en règle des centres-ville par les hooligans ?

Et demain ? C’est peut-être le prochain rassemblement contre la loi Travail qui pourrait être interdite. La CGT va déposer dans la journée, comme elle en a l’obligation, une déclaration préalable auprès du préfet de police. Tracé, horaire, et surtout service d'ordre… Tout doit être annoncé. Et si le préfet estime que les conditions de sécurité ne sont pas réunies ? Il pourra demander l’interdiction de la manifestation. De quoi faire plaisir à nos politiques qui cherchent à museler la contestation de la rue… Pour préserver l’ordre public. Pour se montrer solidaire lors des inondations. Pour assurer la bonne tenue de l’Euro. Et bientôt pour aider le soleil à revenir ?

Je me rappelle d’un poster qui ornait le mur de ma chambre d’ado. On pouvait y lire : "La dictature, c’est ferme ta gueule ; la démocratie, c’est cause toujours". Aujourd’hui, on ne peut plus parler. Demain, on nous interdira de manifester. Après-demain, on nous privera de penser. Bye bye démocratie.

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


Suivez-nous

Les auteurs