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Téhéran accuse Ryad d'avoir bombardé son ambassade à Sanaa

par Bozorgmehr Sharafedin et Mohamed Ghobari

DUBAI/LE CAIRE (Reuters) - L'Iran a accusé jeudi l'aviation saoudienne d'avoir bombardé son ambassade à Sanaa, la capitale du Yémen, rapporte le site internet de la chaîne de télévision officielle Irib, dans un contexte de tensions exacerbées entre Téhéran et Ryad.

"L'Arabie saoudite est responsable des dégâts subis par les bâtiments de l'ambassade et des blessures subies par certains membres de son personnel", a déclaré Hossein Jaber Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères cité par Irib.

Dans la foulée, l'agence de presse Irna a rapporté que le gouvernement iranien interdisait l'importation de tous les produits saoudiens.

Le général Ahmed Asseri, porte-parole de la coalition arabe formée par l'Arabie saoudite au Yémen, a déclaré qu'une enquête avait été ouverte, soulignant que les miliciens houthis, qui contrôlent Sanaa, utilisaient certaines enceintes diplomatiques désaffectées à des fins militaires.

Selon Ahmed Asseri, les récents bombardements visaient des installations utilisées par les Houthis pour tirer des missiles vers l'Arabie saoudite. La coalition, a-t-il assuré, a demandé à tous les pays disposant de représentations au Yémen de leur fournir les coordonnées de leurs bâtiments, les informations livrées par les Houthis, soutenus par l'Iran, n'ayant selon lui "aucune crédibilité".

S'il est avéré, le bombardement de l'ambassade iranienne entretiendra le climat de tensions entre Téhéran et Ryad en dépit des efforts déployés par certains pays pour les atténuer.

Le Pakistan, qui s'efforce de ne pas choisir son camp, devait ainsi recevoir jeudi le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al Djoubeir.

Islamabad a pris ses distances le mois dernier avec l'alliance de pays sunnites conduite par l'Arabie saoudite contre l'Etat islamique comme il l'avait fait auparavant vis-à-vis de la coalition également montée par Ryad pour intervenir au Yémen.

BOMBARDEMENTS DE GRANDE AMPLEUR

Jeudi, le numéro deux du puissant corps des gardiens de la Révolution iranienne a prévenu le royaume saoudien qu'il s'effondrerait s'il continuait à entretenir les tensions religieuses dans la région.

"La politique du régime saoudien aura un effet domino et ils seront ensevelis dans l'avalanche qu'ils auront provoquée", a déclaré le général Hossein Salami, cité par l'agence Fars.

"Le chemin emprunté par le régime saoudien est le même que celui que Saddam (Hussein) a choisi dans les années 1980 et 1990 (en Irak). Il a provoqué un conflit avec l'Iran, exécuté des dignitaires religieux de premier plan, fait disparaître des dissidents avant de subir une fin pitoyable."

Sanaa a été la cible jeudi de frappes aériennes d'une ampleur inédite depuis le début du conflit yéménite, selon des habitants de la ville. Ces bombardements ont notamment visé le palais présidentiel et une base militaire située dans une zone escarpée du sud de la ville, incitant de nombreux écoliers et leurs enseignants à fuir.

"Ma camarade de classe et moi étions abritées quand une énorme explosion a retenti dans les alentours. Nous avons couru et la peur l'a foudroyée", a déclaré Maha, une écolière de Sanaa. "Tout le monde criait et on nous a tous réunis et nos parents ont été appelés pour qu'on nous emmène, tout le monde paniquait."

Les premières informations disponibles ne faisaient état d'aucune victime.

Parallèlement à ces bombardements, la coalition a ouvert mercredi soir un nouveau front en débarquant dans le port de Maydi, sur la mer Rouge, après des semaines de bombardements de l'aviation et de la marine saoudienne.

La progression des troupes du président Abd-Rabbou Mansour Hadi et de leurs alliés dans cette ville proche de la frontière saoudienne est ralentie par une forte résistance des Houthis et par les mines antipersonnel, ont déclaré des habitants joints par téléphone.

(Nicolas Delame pour le service français, édité par Tangi Salaün)

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