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L'Humeur

Touche pas à mon Vitry Fada

Après l’interdiction des concerts avec amplificateurs, le Vitry Fada va désormais devoir défendre son concept devant le tribunal. Et il n’est pas le seul. Depuis plus d’un an, la multiplication des plaintes pour tapage nocturne fragilise les bars de la capitale. On espérait seulement que cela n’arriverait pas chez nous.

On se plaît à dire que les grandes capitales ont leurs bars branchés, et que nous, on a le Fada. Un lieu atypique et indescriptible. Présenté comme un restaurant-salle de concert-brocante, c’est dans le fond bien plus que cela.

C’est une adresse à deux pas du centre-ville. Au bout de la rue de tous ceux qui s’y croisent. On vient pour passer un bon moment. On s’arrête parfois juste pour saluer une connaissance. On assiste à un concert. On relève le défi de la soirée blind test. On va bruncher en famille. On apprend les bases du street art ou de la mosaïque… Au Fada, rien n’est impossible. Et tout le monde peut venir. Les enfants sont les bienvenus (c’est tellement rare !). Les vieux aussi. Il n’y a pas de dress code. Pas de physio à l’entrée. Pas de regards malveillants ou hautains non plus. Chacun fait ce qu’il veut. On peut y aller en tong ou en robe de soirée. Le public du Fada est aussi hétéroclite que sa déco. Et ça fait du bien.

Oui, mais voilà. Ce joyeux bazar organisé ne plaît pas à tout le monde. Au printemps dernier, une première sanction tombait : les concerts avec amplificateurs, c’était fini. Jam et Caro (les créateurs du Fada) ont fait des efforts. Passage à l’acoustique, moins de concerts, fermeture à minuit... Mais rien ne semble calmer la poignée de riverains mécontents. L’un d’entre eux vient de décider de traîner le Fada devant les tribunaux. Pour nuisances sonores (pour rappel, le Vitry Fada n’est ouvert que le jeudi, le vendredi et le samedi soir). D’ailleurs, si vous êtes disponibles le 7 novembre prochain, rendez-vous à 13h30 pour soutenir ce lieu. Toutes les infos sur Facebook. Ces déboires, les cafés-concerts parisiens les connaissent également, à en croire un article récent paru dans Libé.

Il y a plusieurs mois déjà, les empêcheurs de tourner en rond assuraient qu’ils "n’étaient pas opposés à un tel lieu à Vitry", mais que le mieux était de le déplacer "sur les friches de la centrale, là ils n’embêteront personne". Inconcevable pour les créateurs du Fada, comme pour ses piliers et ses occasionnels ! Car au Fada, on y va à pied, et au dernier moment si ça nous chante. Sans parler du message qu’une telle délocalisation délivrerait… L’art, la solidarité, la culture, l’humanité n’ont pas leur place dans notre société ? La "non-conformité" doit être éloignée ? Cachée ? On a déjà connu ça par le passé et ça n’a jamais bien fini.

Alors comme aujourd’hui nous sommes en démocratie (enfin, il paraît) et que le plus grand nombre tient à son Fada, voilà une petite suggestion pour les mécontents : déménagez ? Laissez-nous le peu de liberté qu’il nous reste encore. Laissez-nous notre bulle hors du temps et du quotidien. Laissez-nous respirer. Laissez-nous nous amuser… Laissez-nous vivre ! Et si jamais vous retrouviez la raison à temps, rendez-vous au Fada pour le verre de l’amitié. Car on n’est pas vraiment rancunier.

Longue vie au Vitry Fada.

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