Retrouvez Weekly sur Facebook

Temps réels

Un Britannique jugé pour avoir aidé une enfant afghane à Calais

BOULOGNE-SUR-MER, Pas-de-Calais (Reuters) - Le Britannique Rob Lawrie a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour aide à l'immigration illégale après avoir sorti de la "jungle" de Calais une réfugiée afghane de quatre ans.

Cet ancien militaire de 49 ans, père de quatre enfants, risque cinq ans de prison et 30.000 euros d'amende. "Egoïstement, ma première réaction c'est la peur, je ne veux pas aller en prison", a-t-il dit aux journalistes avant l'audience.

Ce bénévole a expliqué qu'il avait décidé en octobre dernier de se rendre à Calais pour aider à y construire des abris après avoir été ému par les photos d'Aylan Kurdi, le jeune garçon syrien retrouvé mort sur une plage en Turquie.

Il avait alors fait la connaissance de Bahar Ahmadi, surnommée "Bru", et de son père, qui lui avait demandé de faire passer la fillette en Angleterre où des membres de sa famille l'attendaient dans la ville de Leeds (Yorkshire).

Il assure avoir refusé à plusieurs reprises jusqu'à ce que l'arrivée du froid dans le camp, le 24 octobre, ne le persuade d'emmener Bru à bord de sa camionnette. "Je ne voulais pas qu'une petite fille de 4 ans passe l'hiver dans la 'jungle'".

Le périple s'est arrêté quand les chiens des garde-frontières ont détecté deux Erythréens adultes cachés à l'arrière de sa camionnette, puis la petite fille. Rob Lawrie assure avoir ignoré la présence des Erythréens.

Le Britannique dit regretter ce qu'il qualifie de "décision irrationnelle" et n'encourage personne à suivre son exemple. Mais il ajoute : "Je ne comprends pas pourquoi d'autres personnes dans le monde ne sont pas aussi sensibles que moi".

Son avocate, Lucie Abassade, entend plaider que la frontière est ténue entre la non-assistance à personne en danger et le délit d'aide à la circulation d'une personne irrégulière, et veut obtenir la relaxe.

"Même si Rob a toujours dit 'c'est stupide ce que j'ai fait, je n'aurais jamais dû', il y avait quand même une situation désespérée de danger imminent pour la gamine", a-t-elle dit à Reuters.

"Il faisait extrêmement froid fin octobre, donc il a voulu lui sauver la vie. Ca s'est passé un soir, ils étaient autour d'un feu. Il s'est dit : 'Qu'est-ce que je fais ? Je m'en vais, je la laisse dormir dans le froid ou je la mets dans mon camion et je l'emmène chez sa tante ?' Il a pris la deuxième solution".

Un texte du Code des étrangers précise que dans certaines circonstances, notamment humanitaires, la personne ne peut pas être poursuivie, assure l'avocate.

Le Britannique dit avoir été "dévasté" par cette affaire, parce qu'il est devenu un délinquant et parce que sa famille l'a quitté. Il a confié à plusieurs médias avoir tenté de se suicider en novembre.

Environ 4.000 personnes vivent actuellement dans la "jungle" de Calais et 3.000 dans un nouveau camp à Grande-Synthe (Nord), près de Dunkerque, dans l'espoir de pouvoir passer en Grande-Bretagne.

(Ingrid Melander et Pauline Mevel, édité par Gérard Bon et Sophie Louet)

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


Suivez-nous

Les auteurs