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Un enregistrement clandestin relance l'affaire Kerviel

PARIS (Reuters) - La publication de l'enregistrement clandestin des propos d'une ancienne magistrate du parquet de Paris qui a suivi l'affaire Kerviel relance l'affaire au moment où l'ancien trader entame un marathon judiciaire et demande la révision de son procès.

Selon des extraits de retranscriptions diffusés dimanche par Mediapart et 20 Minutes, Chantal de Leiris met en cause sa hiérarchie et la Société Générale.

"Quand vous en parlez, tous les gens qui sont un peu dans la finance, ils rigolent, sachant très bien que la Société générale savait. La Société générale savait, savait, c'est évident, évident", déclarait-elle en juin 2015.

L'ancienne vice-procureure se confie à Nathalie Le Roy, la policière de la Brigade financière alors en charge de l'enquête, et qui avait elle-même exprimé ses doutes sur le dossier.

La Société Générale déplore une "nouvelle manipulation médiatique" qui "vise à faire pression sur la justice" à la veille de l’examen de la recevabilité de la demande de révision de la condamnation pénale de Jérôme Kerviel."La demande de révision est fondée sur le témoignage de Madame Le Roy, qui se base sur des éléments qui ne sont ni démontrés ni nouveaux, ni susceptibles de remettre en cause la culpabilité de Jérôme Kerviel", écrit-elle dans un communiqué transmis par son avocat, Me Jean Veil.

La commission d'instruction de la Cour de révision, première étape vers une éventuelle révision du procès de Jérôme Kerviel, examine ce lundi la recevabilité de la requête.

NOUVEAU PROCÈS CIVIL

En outre, le nouveau procès civil de Jérôme Kerviel, rejugé pour sa responsabilité dans la perte de 4,9 millions d'euros subie par la banque en 2008 s'ouvre mercredi devant la cour d'appel de Versailles.

L'ancien trader a été condamné définitivement à cinq ans de prison dont trois ferme en avril 2014.

Mais la Cour de cassation a rejeté la somme de 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts demandée par la Société Générale, soit l'équivalent de sa perte, en reprochant à la banque d'avoir failli dans ses mécanismes de contrôle.

Jérôme Kerviel soutient depuis le départ que la banque connaissait ses prises de risques sur les marchés et qu'elle les a couvertes. Il a porté plainte plusieurs fois contre son ancien employeur pour faux, escroquerie au jugement et subornation de témoin.

Dans les extraits diffusés, Chantal de Leiris évoque des liens de proximité entre certains membres du parquet et certains avocats de la banque lors de l'enquête.

La policière Nathalie Le Roy, détachée de ses fonctions en mars dernier pour avoir fait part de ses doutes sur l'affaire, a dit à 20 minutes avoir enregistré la magistrate à son insu.

David Koubbi, l'avocat de Jérôme Kerviel, estime que "le parquet s'est gravement compromis". "Je demande à François Hollande et Christiane Taubira (ministre de la Justice) de mettre un terme à ces dysfonctionnements", dit-il au quotidien.

Pour Julien Bayou, conseiller régional écologiste d'Ile-de-France, si l'enregistrement est vrai, "c'est toute l'affaire Kerviel qui s'effondre pour faire place d'une part à un scandale Société Générale et d'autre part à une affaire d'Etat".

L'élu a engagé une procédure pour obtenir que l'Etat récupère les 2,2 milliards de ristourne fiscale accordées à la banque après ses pertes de 2008.

Le député Les Républicains Georges Fenech a estimé lundi sur France Info que ces nouvelles révélations posaient "la question du contrôle du système bancaire" et a demandé à Christiane Taubira "d'apporter des réponses".

"La commission d’instruction, au vu de ces éléments nouveaux, pourrait très bien ordonner un supplément d’information pour clarifier cette nouvelle situation. L’important est qu’on puisse en avoir le cœur net."

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)

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