Retrouvez Weekly sur Facebook

Temps réels

Un nouveau "Jihadi John" sur la vidéo de l'EI menaçant Cameron

par Michael Holden

LONDRES (Reuters) - Le djihadiste au visage masqué qui menace la Grande-Bretagne et exécute un captif dans une vidéo diffusée ce week-end par l'organisation Etat islamique (EI) a été identifié par les médias britanniques sous le nom de Siddhartha Dhar, un Londonien parti en Syrie alors qu'il était en liberté sous caution.

Ce converti à l'islam, issu de la communauté hindoue, avait été arrêté pour appartenance présumée à une organisation interdite et incitation au terrorisme.

Il est considéré comme l'une des figures du djihadisme en Grande-Bretagne et réputé proche d'Anjem Choudary, un prédicateur islamiste qui doit être jugé à partir du 11 janvier pour des délits liés au terrorisme.

Le petit garçon qui apparaît sur cette vidéo, en tenue de camouflage et un bandana noir autour de la tête, serait le fils de Grace Dare, une femme d'origine nigériane élevée dans la foi chrétienne qui s'est elle aussi convertie à l'islam. Partie en 2012 en Syrie avec son fils Isa, le petit garçon de la vidéo, Grace Dare, qui se fait désormais appeler Khadijah Dare, apparaît régulièrement sur les vidéos de propagande du groupe djihadiste.

D'après une source proche des services de sécurité britanniques, les experts du renseignement continuent de travailler sur la vidéo et n'ont pas encore identifié avec certitude le porte-parole masqué qui menace le Premier ministre David Cameron avant l'exécution de cinq hommes accusés d'espionnage pour l'Occident.

VIDÉOS DE PROPAGANDE

Même si sa soeur, Konika, qui trouve certes la voix proche de celle de son frère, n'est pas persuadée qu'il s'agit de lui, des témoignages publiés par les médias britanniques et des rapprochements avec des vidéos mises en ligne semblent attester que l'homme qui s'exprime face caméra est bien Siddhartha Dhar, alias "Abu Rumaysah".

Dhar, âgé d'une trentaine d'années et qui vendait des châteaux gonflables à Londres, apparaît sur une série de vidéos où il appelle les musulmans à rejoindre l'EI.

Avant son départ pour la Syrie, Dhar, qui vivait dans l'est de Londres, a gravité dans la mouvance du groupe al Muhajiroun, une organisation créée à la fin des années 1990 et présentée par plusieurs experts comme une matrice du djihadisme en Grande-Bretagne.

Le documentariste Robb Leech, qui l'a rencontré en 2013, a déclaré au micro de la BBC qu'il avait reconnu sa voix et son allure. Sa radicalisation en revanche l'a surpris. "La dernière fois que je l'ai vu, c'était deux mois environ avant son départ pour le prétendu Etat islamique. Nous avions ri. C'était une bonne nature", a-t-il dit.

Quant au petit garçon semblant être âgé de quatre ou cinq ans qu'on entend menacer, en anglais, de "tuer les kouffar" (les mécréants), il a été identifié par sa grand-mère, Sunday Dare, la mère de Grace "Khadijah" Dare.

Cette dernière, qui se serait radicalisée sur internet, est une figure récurrente des vidéos ou des messages Twitter de propagande de l'EI, où on la voit poser avec son fils, tous deux armés. Après son arrivée dans les territoires contrôlés par le groupe d'Abou Bakr al Baghdadi, elle a épousé un djihadiste venu de Suède, sans doute mort depuis. Tous deux sont visibles sur une vidéo diffusée en 2013 où ils plaisantent sur les qualités de leurs AK47 respectives.

D'après des responsables britanniques, jusqu'à 800 Britanniques sont partis en Irak ou en Syrie. La moitié d'entre eux sont rentrés. Quelque 70 y auraient été tués, parmi lesquels "Jihadi John", alias Mohammed Emwazi, le bourreau de plusieurs otages américains et britanniques de l'EI dont les Etats-Unis ont annoncé la mort en novembre lors d'un raid sur Rakka.

(avec Estelle Shirbon, Henri-Pierre André pour le service français)

Et vous, quel est votre avis ? Exprimez-vous ! Réagissez à cet article.


Suivez-nous

Les auteurs