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Viols en Centrafrique : justice et honneur en pleine lumière

L'armée française est éclaboussée par une affaire de viols en Centrafrique. Plus d’un an après les faits, le scandale éclate. Au sommet de l’État, on savait. Pas à Bangui. La justice doit faire son travail. Mais désormais, on est assuré d’avoir un épilogue.

"Honneur et Patrie". La devise de notre armée est mise à mal avec cette affaire de viols présumés d’enfants en Centrafrique par des soldats français. Mais faut-il pour autant se jeter tête baissée dans la théorie du complot déjà échafaudée par certains qui voient dans cette tragédie une volonté d’étouffer une histoire des plus sordides ? Faut-il s’en prendre à l’armée tout entière, cette "grande muette" qui a l’habitude de dissimuler ce qui se passe derrière ses murs ? Faut-il envisager une complicité du plus haut sommet de l’État qui n’a pas jugé utile de lever le voile sur les agissements de ses troupes et qui aujourd’hui s’indigne ?

L’affaire a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours et on peut comprendre pourquoi. La communauté internationale s’interroge. S’il n’y avait pas eu le courage d’Anders Kompass, ce cadre des Nations Unies qui, bravant sa hiérarchie, a décidé de transmettre le rapport aux autorités françaises, y aurait-il une enquête en cours aujourd’hui ? Anders Kompass qui a d’ailleurs été suspendu et fait actuellement l’objet d’une enquête… S’il n’y avait pas eu les révélations du quotidien britannique The Guardian la semaine dernière, y aurait-il un jour une fin à cette histoire ? Désormais, la justice française n’est plus la seule à chercher la vérité. Le parquet de Bangui, qui n’a jamais été informé de la situation, a annoncé l'ouverture d'une enquête locale.

Les faits se sont déroulés entre décembre 2013 et juin 2014 dans le camp de M'Poko. "Skinhead au crâne rasé", "d'origine créole", "tatouage de serpent sur le haut"… Les enfants ont donné des descriptions précises et parfois même le surnom de leur agresseur présumé. On lit partout que 14 soldats français seraient mis en cause, dont certains auraient été identifiés. Mais près d’un an après le début de l’enquête, aucun militaire n’a encore été inquiété. Pourtant, Jean-Yves Le Drian leur a gentiment demandé de se dénoncer immédiatement…

Le ministre de la Défense a également assuré avoir ressenti "du dégoût, une forme de trahison par rapport à la mission confiée à l'opération Sangaris, et aussi un intense besoin de vérité", lorsqu'il a été informé de l'affaire en juillet 2014. Mais la vérité peut-elle éclater lorsque tout a été caché ? François Hollande de son côté a affirmé que "si certains militaires se sont mal comportés, [il] serait implacable". Une indignation de façade qui énerve. Comme s’ils découvraient l’affaire aujourd’hui. Les Français peuvent être choqués. La communauté internationale peut être horrifiée. Mais pas eux, alors qu’ils "digèrent" les faits depuis un an. Alors qu’ils auraient sous doute préféré que le scandale n’éclate pas au grand jour.

"Honneur et Patrie". Aujourd’hui, la justice doit faire son travail pour sauver l’honneur de notre armée. Elle doit condamner les brebis galeuses pour préserver notre Patrie.

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