Violences du 1er mai, contrat russe ou passeports diplomatiques… Si vous vous embrouillez dans les dates et les évènements de l’affaire Benalla, on a décidé de vous aider à y voir plus clair.
Flickr/CC/Twitter Trends 2019
Depuis huit mois, Alexandre Benalla défraye la chronique. Les révélations se succèdent. Les affaires dans l’affaire aussi. Certains vont même jusqu’à parler d’un scandale d’État. Mais entre la polémique née des violences du 1er mai, les allers/retours avec des passeports diplomatiques non rendus, et les deux "contrats russes", il n’est pas facile de s’y retrouver. Pour essayer d’y voir plus clair, voici 7 questions clefs pour tout comprendre, du départ de l’affaire au dernier rebondissement.
Question 1 sur 7
Quel volet de l’affaire Benalla a tout déclenché ?Les violences du 1er mai.
C’est le volet sur les violences du 1er mai. Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase interpellent violemment deux manifestants sur la place de la Contrescarpe. Benalla porte alors un brassard de police. Crase, une arme. Le problème est qu’ils n’accompagnent les forces de l'ordre qu’en tant que simples observateurs. Dès le lendemain, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, sanctionne Benalla et le met à pied pour quinze jours. L’affaire "Benalla" n’éclate que le 18 juillet avec les révélations du Monde, poussant, deux jours plus tard, Strzoda à licencier Benalla. Depuis, Benalla et Crase ont été mis en examen pour violences en réunion et immixtion dans l'exercice d'une fonction publique, ainsi que pour port prohibé d'un brassard de police pour le premier, et d'une arme pour le second.
Question 2 sur 7
Dans quel volet de l’affaire, Alexandre Benalla aurait-il usurpé l'autorité du chef de cabinet de l'Élysée et utilisé un courrier à en-tête de l'Élysée ?Les passeports diplomatiques.
C’est dans le volet des passeports diplomatiques. Le 23 mai dernier, Alexandre Benalla s'engage par écrit à rendre ses passeports diplomatiques. Sauf qu’il ne le fait pas. Le 28 juin, il aurait utilisé un courrier à en-tête de l'Élysée et usurpé l'autorité du chef de cabinet de l'Élysée pour demander un nouveau passeport de service au Quai d'Orsay. Le 26 juillet, le ministère des Affaires étrangères demande à Benalla de rendre ses passeports. Ce qu’il ne fait que "courant août", jurant plus tard devant la commission d'enquête du Sénat (le 19 septembre) que ses passeports sont restés dans son bureau après son licenciement. Or Benalla s’en serait servi pas moins de 23 fois pour voyager !
Question 3 sur 7
Dans quel volet de l’affaire, Alexandre Benalla serait-il "le gérant de fait" de la société de sécurité Mars ?Le contrat russe.
C’est dans le volet du contrat russe. Dès 2017, l'oligarque russe Iskander Makhmudov, réputé proche de Vladimir Poutine, est à la recherche d'un prestataire pour assurer sa sécurité en France et à Monaco. À l’été, Vincent Crase (l’ami d’Alexandre Benalla et protagoniste du volet des violences du 1er mai) crée la société de sécurité Mars pour assurer la sécurité du russe Iskander Makhmudov pour laquelle il reçoit une première somme de près de 300.000 euros. Sauf que d’après les révélations de Mediapart, c’est Benalla qui serait "le gérant de fait" de cette société. D’autant que la société Mars n’assure pas elle-même la prestation, mais la sous-traite au groupe Velours, qui n’est autre que l’ancien employeur de… Benalla.
Question 4 sur 7
Dans quel volet de l’affaire, Alexandre Benalla et Vincent Crase se sont rencontrés en juillet 2018 malgré l’interdiction de leur contrôle judiciaire ?Le contrat russe.
C’est dans le volet du contrat russe. Après l’épisode du 1er mai, Alexandre Benalla et Vincent Crase sont mis en examen. Ils ont l'interdiction d'entrer en contact. Ils se voient pourtant fin juillet 2018, a priori au domicile de Marie-Elodie Poitout, la chef de la sécurité de Matignon. Une conversation qui est enregistrée (on ne sait pas par qui, ni comment) et dont Mediapart a révélé le contenu il y a moins de deux semaines. Après les révélations du Monde sur les évènements du 1er mai, la groupe Velours dénonce son contrat avec la société Mars et prend ses distances. Benalla et Crase doivent donc trouver un autre intermédiaire pour le contrat russe. C’est de cela qu’ils discutent en cette fin juillet. En octobre 2018, Yoann Petit (l’un des sept officiers de sécurité chargés de la protection du russe Iskander Makhmudov) crée la société France Close Protection qui prend le relais du "contrat russe" pour une somme de près de 700.000 euros, puis une autre de près d’un million d’euros pour la protection d’un autre Russe Farkhad Akhmedov. En fin d’année dernière, France Close Protection embauche Alexandre Benalla qui sera payé par deux fois pour des "missions confidentielles". L’existence du deuxième "contrat russe" a été révélée il y a tout juste deux jours par Mediapart.
Question 5 sur 7
Dans quel volet de l’affaire, Alexandre Benalla a-t-il été mis en examen pour détournement et recel de violation du secret professionnel ?Les violences du 1er mai.
C’est dans le volet sur les violences du 1er mai. Juste après les révélations du Monde sur les évènements de la Contrescarpe, trois policiers de la préfecture de police de Paris donnent un CD à Benalla contenant des images de surveillance. CD qui passe ensuite, a priori, dans les mains d’Ismaël Emelien, le conseiller spécial d'Emmanuel Macron. Des extraits de ces images sont alors diffusés sur Twitter. Depuis, Benalla et les trois policiers ont été mis en examen pour détournement et recel de violation du secret professionnel et d'images issues d'un système de vidéoprotection.
Question 6 sur 7
Dans quel volet de l’affaire, Alexandre Benalla a-t-il été mis en examen pour usage "sans droit" ?Les passeports diplomatiques.
C’est dans le volet des passeports diplomatiques. Devant la non-restitution des passeports, le ministère des Affaires étrangères lance une procédure d'invalidation des passeports de Benalla, en novembre dernier. Courant décembre, Le Monde et Mediapart révèlent que Benalla voyage toujours avec ses passeports diplomatiques. Le Quai d'Orsay saisit alors la justice. Le 18 janvier, Benalla est mis en examen pour usage "sans droit" de ses passeports et est placé sous le statut de témoin assisté pour les soupçons de faux portant sur l’utilisation d’un courrier à en-tête de l'Élysée et l’usurpation de l'autorité du chef de cabinet de l'Élysée.
Question 7 sur 7
Dans quel volet de l’affaire Benalla, le parquet a-t-il ouvert une enquête pour corruption ?Le contrat russe.
C’est dans le volet du contrat russe. La semaine dernière, le Parquet national financier a ouvert une enquête pour corruption après la révélation du premier contrat russe.