L’Algérie est dans la rue pour dire stop au système Bouteflika. Le chef, qui a annoncé qu’il allait briguer un 5e mandat, a surtout déclenché une vague de contestations inédite.
Flickr/CC/Magharebia/Le président en 2012 avant son AVC
Le 10 février, Abelaziz Bouteflika a annoncé dans une "lettre à la Nation" qu’il allait briguer un 5e mandat. Une possibilité que refusent les Algériens qui sont descendus dans la rue pour protester. Une contestation inédite depuis des années. La raison ? L’âge du chef de l’État (81 ans) et surtout ses problèmes de santé.
Au pouvoir depuis 1999, Abelaziz Bouteflika souffre des séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) arrivé en 2013. Depuis cette date, il est cloué dans un fauteuil roulant et n’apparaît plus que rarement en public. La dernière fois, c’était en novembre 2018. De quoi s’interroger sur les capacités du Chef de l’État à diriger le pays et se demander qui tire réellement les ficelles.
La présidentielle du 18 avril, présentée comme jouée d’avance, ne laisse guère d’espoir de changement aux Algériens qui ont donc bravé leur peur et investi la rue. Certains y voient déjà un nouveau printemps arabe. Et la France suit de près l’évolution du pays.
En attendant, on fait le point sur la mobilisation et les revendications en sept questions clefs.
Question 1 sur 7
Les manifestants ont défilé aux cris de : "Pas de cinquième mandat" et "Ni Bouteflika, ni Saïd". Qui est Saïd ?Le frère du président.
Il s’agit de Saïd Bouteflika, le frère du président, décrit comme le véritable "chef d’orchestre" en coulisse. Car s’il ne prend jamais la parole en public, le cadet serait "le passage obligé vers le Président". Les Algériens ne veulent donc pas non plus de sa candidature. Saïd Bouteflika n’a, de toute façon, pas forcément l’aval de l’armée qui reste opposée à un passage de pouvoir "dynastique".
Question 2 sur 7
Lors de la première journée de manifestation, combien y a-t-il eu d’arrestations ?41.
Lors de la première journée de manifestation, il n’y a eu que 41 arrestations dans tout le pays. Preuve que les rassemblements se sont déroulés dans le calme et de façon pacifique. Même à Alger où les manifestations sont pourtant interdites depuis 2001.
Question 3 sur 7
Qui a pris le relais de la contestation, hier ?Les étudiants.
Après les protestations des derniers jours, des centaines d’étudiants algériens se sont mobilisés, hier. Pour éviter la confrontation avec la police, ils ont décidé de se rassembler dans l’enceinte même de leurs universités. Certains ont tout de même défilé dans le centre-ville d’Alger.
Question 4 sur 7
Les prétendants à l'élection présidentielle ont jusqu'à dimanche pour déposer leur candidature. Pour cela, ils doivent avoir récolté……600 signatures individuelles d’élus locaux ou 60.000 signatures d’électeurs inscrits.
Les prétendants à l'élection présidentielle, prévue le 18 avril, ont jusqu'à dimanche pour déposer leur candidature, qui sera examinée par le Conseil constitutionnel. Mais, pour qu'elle soit validée, ils devront avoir recueilli 600 signatures individuelles d’élus locaux répartis sur au moins 25 wilayas (préfectures) ou bien 60.000 signatures d’électeurs inscrits répartis sur au moins 25 wilayas. Certains partis de l’opposition ont déjà annoncé qu'ils boycotteraient le scrutin.
Question 5 sur 7
Après les premières manifestations, qu’a annoncé le Premier ministre Ahmed Ouyahia ?Que ce sont les urnes qui trancheront.
Lundi, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a appelé les manifestants à contester le pouvoir lors de l'élection plutôt que dans la rue : "chacun choisira librement. Chacun a le droit de défendre son candidat et d’être contre tout autre candidat, les urnes trancheront de manière pacifique et civilisée". Il a également rappelé qu'Abdelaziz Bouteflika a promis d'organiser, dans le cas où il serait élu, "une conférence sans précédent dans l’histoire de l’Algérie", "ouverte à tous", où il sera débattu "de tout".
Question 6 sur 7
Qu’est-il arrivé, hier, à Rachid Nekkaz, opposant au président Abdelaziz Bouteflika ?Il a été placé en résidence surveillée.
Hier, Rachid Nekkaz a annoncé sur franceinfo qu'il avait été "placé en résidence surveillée illégale" dans sa maison à 250 km à l'ouest d'Alger. L’opposant affirme qu’une quinzaine de policiers se trouvent devant sa porte avec ordre de ne pas le laisser sortir.
Question 7 sur 7
Comment les télévisions algériennes couvrent-elles les manifestations ?Elles n’en parlent pas.
Les médias publics, mais aussi les chaînes de télévision privées, ont passé sous silence les manifestations qui agitent l’Algérie depuis vendredi dernier. Le soir de la première journée de mobilisation, le journal télévisé n'a pas évoqué le sujet, mais a parlé de… tourisme ! Des journalistes ont dénoncé ce silence. Une rédactrice en chef a même démissionné en marque de protestation.