L'audition de l'ancien ministre du Budget sur le scandale de son compte à l'étranger doit avoir lieu aujourd'hui à l'Assemblée Nationale. L'occasion de revenir sur toute cette affaire en quelques questions. Testez vos connaissances !
Flickr/Parti Socialiste/CC
C'est aujourd'hui que l'audition tant attendue de Jérôme Cahuzac va avoir lieu, devant la commission d'enquête parlementaire en charge de faire la lumière sur le scandale qui a éclaboussé l'Etat il y a quelques mois. Après des mois à nier les accusations de Mediapart, le ministre du Budget avait fini par avouer devant les juges, début avril, détenir depuis une vingtaine d'années un compte bancaire non déclaré en Suisse dont les fonds, qu'il estime à 600 000 euros, auraient ensuite été transférés à Singapour.
La stupéfaction et l'indigation s'emparaient alors de tous, de l'opinion publique à la classe politique française. Mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, Jérôme Cahuzac se dit "dévasté par le remords" et affirme avoir été "pris dans la spirale du mensonge".
Ce mercredi, l'ancien poids lourd du gouvernement, notamment en matière de lutte contre l'évasion fiscale, est désormais sommé de s'expliquer. Mais qu'avez-vous retenu de ce feuilleton aux rebondissements multiples ? Faites le quizz !
Question 1 sur 7
Suite à quoi Mediapart a déclenché une enquête sur Cahuzac qui a mené à la découverte de son compte à l'étranger ?l'affaire de l'hippodrome de Compiègne d'Eric Woerth
" Hippodrome de Compiègne : le cadeau de Cahuzac " titrait le site d'informations en ligne Mediapart en janvier 2013. Un article sur les suites données à la vente d'une parcelle de forêt domaniale à la Société des Courses de Compiègne en mars 2010, à un prix considéré comme bien inférieur à celui du marché. Eric Woerth, alors ministre du Budget, était mis en cause. Mais en juillet 2012, un rapport remis à son successeur Jérôme Cahuzac le dédouane. D'où les interrogations des journalistes de Mediapart, Edwy Plenel et Fabrice Arfi, qui décident d'enquêter sur l'un des nouveaux pensionnaires de Bercy.
Question 2 sur 7
Sur quel élément s'est basé Mediapart pour accuser Jérôme Cahuzac ?un enregistrement audio
Suite à son premier article qui affirme que Jérôme Cahuzac dispose d'un compte à l'étranger, et face aux démentis de l'intéressé et de son entourage, Mediapart sort une conversation supposée entre le ministre du Budget et un chargé d'affaires en 2000, enregistrée par hasard sur le répondeur de Michel Gonelle, adversaire politique de Jérôme Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot. Ce n'est qu'en mars 2013 que la voix du ministre est authentifiée. Quelques jours plus tard, acculé, il démissionne.
Question 3 sur 7
Que déclarait notamment Jérôme Cahuzac dans cet enregistrement ?" C'est extrêmement chiant "
Sur l'enregistrement rendu public et validé par la justice, Jérôme Cahuzac déclare : " Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques. La seule façon de le fermer c'est d'y aller ? […] C'est extrêmement chiant. Il faut y aller, moi je ne peux pas y aller. Je vois pas comment faire ".
Question 4 sur 7
"Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant, ni avant ", déclarait Jérôme Cahuzac à l'Assemblée Nationale en décembre 2012. Le ministre répondait alors à la question d'un député. Mais qui ?L'UMP Daniel Fasquelle
Le 5 décembre 2012, c'est l'élu du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle qui interroge Jérôme Cahuzac à l'Assemblée Nationale. Il lui pose alors trois questions : " Est-il exact que vous avez eu un compte non déclaré à l'UBS de Genève pendant de longues années ? Est-il exact que vous vous êtes déplacé en Suisse début 2010 et que vous avez clôturé ce compte à la veille de votre élection à la présidence de la commission des finances ? Est-il exact que les avoirs ont été transférés dans un paradis fiscal en Asie ? ". Daniel Fasquelle poursuit, sous les huées des rangs de la majorité : " Ces accusations sont d'une extrême gravité. Il est essentiel que vous disiez toute la vérité devant la représentation nationale et les français. " Applaudi et soutenu par la gauche, le ministre du budget ne se démonte pas. " Votre question est légitime, il est normal que j'y réponde, déclare-t-il. " Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant, ni avant ". Jérôme Cahuzac annonce également avoir porté plainte pour diffamation à l'encontre de Mediapart.
Question 5 sur 7
Le 2 avril dernier, Jérôme Cahuzac finit par reconnaître l'existence d'un compte à l'étranger. Ses aveux provoquent une véritable onde de choc. Qu'a déclaré en réaction le président François Hollande ?" C'est une impardonnable faute morale "
Dès les aveux de Jérôme Cahuzac, l'Elysée réagit rapidement dans un communiqué. " Le président de la République prend acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges concernant la détention d'un compte bancaire à l'étranger […] L'ancien ministre du Budget a commis une impardonnable faute morale ". Le lendemain, François Hollande s'exprime à la télévision. Dans son allocution, le chef de l'Etat annonce plusieurs mesures pour la transparence de la vie publique. Mais que savait François Hollande ? Selon l'audition du secrétaire général adjoint de l'Elysée, le président avait été mis au courant à la mi-décembre de l'existence du fameux enregistrement. Sa réaction a été de demander la transmission des pièces en question à la justice.
Question 6 sur 7
Qui a succédé à Jérôme Cahuzac au gouvernement ?Bernard Cazeneuve
C'est Bernard Cazeneuve qui a succédé à Jérôme Cahuzac au ministère du Budget. Il était auparavant aux Affaires Européennes où Thierry Repentin l'a remplacé suite à son passage à Bercy. Interrogé sur Europe 1, il dénoncera l'acharnement d'une partie de la classe politique en ces termes : " Dans la meute, il y a beaucoup de loups et il y a aussi quelques chiens ".
Question 7 sur 7
Lors des législatives de 2012, l'Association française de lutte contre la corruption "Anticor" propose aux candidats de signer une charte d'éthique. Jérôme Cahuzac rejette cette iniative sur l'ensemble des propositions sauf une, allant même plus loin. Laquelle ?l'inéligibilité à vie des élus reconnus coupables de délits financiers
Face au représentant d'Anticor du Lot-et-Garonne, où Jérome Cahuzac est candidat, le ministre du Budget se montre peu convaincu par la charte d'éthique proposée par l'association de lutte contre la corruption politique. Non cumul des mandats, transparence sur l'utilisation des indemnités parlementaires, encadrement du lobbying... Jérôme Cahuzac ne retient qu'un point : celui de l'inéligibilité pour les élus reconnus coupables de délits financiers. Il propose même lors de l'entrevue une inéligibilité " à vie ". "Ironique", jugera le responsable de l'association dans le Lot-et-Garonne suite aux aveux du ministre.