Pour financer le Grand Paris, le gouvernement a retenu comme piste de travail une hausse des amendes de stationnement. De 17 à 35 euros. Et le 1er avril étant encore loin, ce n'est pas une blague.
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Cela pourrait être une fable de Jean de La Fontaine. Elle s'appellerait "Le poulet et la vache à lait". Et elle commencerait ainsi : "Un petit poulet qui avait toujours besoin de plus de grains se dit un beau jour qu'il pourrait aller se servir dans le foin de sa voisine la vache". Bien sûr, il faudrait une morale et nous n'en sommes pas encore là. D'ici à ce que l'on en trouve une, des milliers de contraventions auront été glissées sous les essuie-glaces ou, plus sournoisement, directement dans nos boîtes aux lettres. Et ces PV pourraient bien faire grincer les dents jusqu'à s'user les gencives dans les prochains mois si le gouvernement va au bout de son idée.
Mercredi dernier, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a ainsi annoncé qu'une des pistes envisagées pour financer le Grand Paris était l'augmentation des amendes de stationnement. Et pas petite la hausse puisqu'elles doubleraient et passeraient de 17 à 35 euros ! En voilà une bonne nouvelle. Sachant qu'il y a plus de 200 millions d'euros à trouver du côté des collectivités territoriales pour financer en partie ce nouveau réseau de transports en commun franciliens, on imagine déjà ce qui va se passer. Monsieur et Madame Pervenche vont se faire un plaisir d'aligner les uns après les autres les automobilistes qui auront commis l'effroyable outrage de garer leur véhicule sans passer par la case horodateur. Et à 35 euros, fini les calculs pour savoir s'il ne vaut pas mieux risquer un PV et ne pas payer. Il faudra sortir la monnaie, même pour quelques minutes. Car ne croyez pas que l'agent a des tournées et des horaires fixes. Combien ont tenté de faire un planning précis de leurs passages, après des jours d'observation, sans succès ? Ou cru avoir compris la logique avant de se retrouver avec le fameux papillon sur le pare-brise où il ne manquait que le mot "raté !" pour parachever le tableau ?
Et avec les nouveaux appareils pour dresser des procès-verbaux électroniques qui ont fait leur apparition depuis quelques mois entre les mains des pros de la prune, le rendement déjà supérieur risque bien d'exploser. Celui qui ne se déplace pas en transports va devoir se faire une raison : il y a encore du lait à tirer et les autorités n'en perdront pas une goutte. Alors bien sûr, les écolos se réjouissent, la prétendante à la Mairie de Paris Anne Hidalgo trouve que c'est "plutôt une bonne idée". Et les moutons qui se laissent tondre dans tout ça ? Surtout que le mouton ne sera pas que parisien. Car à moins de choisir une dépénalisation des infractions de stationnement, ce qui laisserait l'inconsciente liberté aux collectivités locales de fixer leur montant, le gouvernement devrait opter pour de nouveaux tarifs nationaux. Et c'est là tout le comique de la situation : comment va réagir le conducteur périgourdin à une amende de 35 euros pour financer un projet d'Ile de France où il ne met jamais un pied ?
Allez, on nous le promet : rien n'est encore décidé. Mais cela soulève pas mal de questions. Car si les PV de stationnement augmentent, qu'en sera-t-il de ceux pour les autres infractions ? Personne n'en parle mais ils augmenteront certainement aussi. Définitivement, il n'y a pas de morale à cette fable du poulet et de la vache à lait. Car le poulet ne sera pas plumé en retour. A moins que la vache ne se rebelle ? Et qu'elle s'allie au mouton tondu pour dire stop ?