Contraint de quitter le gouvernement pour ne pas avoir payé ses impôts pendant trois ans, Thomas Thévenoud ne sera resté que neuf jours Secrétaire d'Etat. Aujourd'hui, il pourrait bien faire son retour à l'Assemblée Nationale. Et ça ne plaît pas à tout le monde.
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Les parlementaires font aujourd'hui leur rentrée. A l'Assemblée Nationale, les regards seront certainement tournés vers les bancs de la majorité pour savoir si Thomas Thévenoud, récemment débarqué du gouvernement, y fera son retour malgré les problèmes fiscaux qui ont entraîné son éloignement de l'équipe Valls 2.
Hier soir, le principal intéressé déclarait à l'AFP, à l'issue d'un entretien avec le chef du PS Jean-Christophe Cambadélis, qu'il avait décidé de quitter le Parti socialiste mais qu'il comptait garder son mandat de député. "Mes électeurs de Saône-et-Loire seront mes seuls juges", a-t-il affirmé. Et d'ajouter : "Je veux rappeler que l'enchaînement de négligences choquantes qui m'ont placé dans cette situation ne fait pas de moi un fraudeur".
Sa possible présence dans l'hémicycle risque en tout cas de recevoir un accueil mitigé, tant l'hypothèse de son retour n'est pas vraiment bien vu. Sur internet, une pétition réclamant son départ a recueilli plus de 24 000 signatures.
"@tthevenoud qui persiste à se maintenir, c'est l'exemple même de l'élu qui ne comprend rien à l'état de la France. #Démission", a réagi Yohann sur Twitter. "Honteux !", lançait Florence.
Dans l'opposition, les avis sont évidemment unanimes. "La décence devrait l’obliger à rendre ses mandats", déclarait Nadine Morano ce week-end. "La moindre des choses serait de retourner devant les électeurs", avait estimé le secrétaire général de l'UMP Luc Chatel.
Du côté de la majorité, si on reconnaissait aussi que Thomas Thévenoud n'avait pas l'obligation de démissionner de son mandat de député, les soutiens à l'ex Secrétaire d'Etat ne se sont pas pressés, bien au contraire parfois. "Quand on pense que tous les français ont reçu leur feuille d'impôt et se demandent pour certains comment ils vont les payer, et qu'on nous explique qu'un député n'a pas fait de déclaration, et qu'il dit Ah mais j'ai oublié, c'est invraisemblable", a accusé Martine Aubry.
"Quand on est ministre, on respecte les règles : c'est la règle. Agir vite, c'est ce qui a été fait : c'est l'exemplarité", a tenté de défendre Stéphane Le Foll pour que la polémique n'éclabousse pas le plus haut sommet de l'Etat.
Car il est là le nœud du problème, derrière des arguments de convenance ou d'éthique : la démission de Thomas Thévenoud pourrait poser bien des problèmes au Palais Bourbon. "Comme c'est malin : @tthevenoud quitte le @partisocialiste mais conserve son siège à l'@AssembleeNat. Pour éviter une partielle désastreuse", expliquait le journaliste Jérôme Godefroy sur Twitter. ?
"La majorité du PS tient à une voix à l'AN, On comprend bien qu'un départ de Thomas Thévenoud ne serait pas un départ anodin ", analysait aussi Nicolas Doze, de BFM.
Ça risque donc de se compliquer. Lundi, l'épouse de Thomas Thévenoud a été mise en congé de son poste au Sénat, où elle était chef de cabinet du président Jean-Pierre Bel. Son contrat devait se terminer le 30 septembre.