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"Woman Tax" ou "Taxe rose" : quand les femmes payent plus cher

par le - Mis à jour le

Suite à la montée au créneau du collectif Georgette Sand, une enquête sur les prix plus élevés pratiqués pour la clientèle féminine va être ouverte par Bercy. Scandaleux pour certains, logique mercantile pour d'autres...que pensez-vous de cette "taxe rose" ?

Womantax Tumblr

Aux lames citoyennes ! Saviez-vous que vous payez deux fois plus chers certains rasoirs, identiques à ceux pour hommes, à l'exception de leur couleur rose ? Et ce ne sont pas les seuls produits concernés selon le collectif féministe Georgette Sand qui a décidé depuis plusieurs semaines de mettre la pression sur les "prix genrés", en interpellant les pouvoirs publics. Tumblr qui regroupe les "preuves" récoltées dans une seule enseigne, pétition qui recueille aujourd'hui plus de 33 000 signatures, l'objectif est atteint.

Aux Etats-Unis, où elle coûterait environ 1000 euros par an selon des études, on parle de "Woman Tax". En France, c'est la "Taxe rose". 30 centimes de plus pour un gel de rasage, 20 centimes pour une brosse à dent, cinq euros pour un sac à dos, deux euros pour une crème... Les prix sont également plus élevés en dehors des supermarchés pour une coupe chez le coiffeur, des retouches de vêtements.

"Et une injustice de plus ! Incroyable #fautpasnousprendrepourdesjambons", a réagi une internaute sur Twitter. "Donc les femmes gagnent moins mais payent plus ?", se demandait une autre.

Pour Monoprix, visé par le collectif féministe, les produits d'hygiène pour hommes comme les rasoirs et le gel sont moins chers car "les volumes de vente sont largement supérieurs aux modèles pour femmes, permettant ainsi un prix d'achat inférieur". Autre explication avancée : "la composition du modèle femme induit un surcoût de fabrication".

Cela n'empêchera pas Bercy de mener une enquête, confiée à la DGCCRF et dont les résultats devraient être connus dans les prochaines semaines. La Secrétaire d'Etat aux Droits des femmes Pascale Boistard, qui a reçu "les Georgettes" le 21 octobre dernier, avait d'ailleurs écrit une semaine plus tard, retweetant non sans humour une image des fameux rasoirs de la colère : "Moi aussi j'y pense en me rasant".

Sur les réseaux sociaux, les avis sont plus que mitigés. Si le collectif Georgette Sand est félicité par plusieurs sympathisants, d'autres se montrent beaucoup plus sceptiques. "Et Bercy lance une enquête sur cette histoire de #WomanTax. A quand une enquête qui se scandalise du prix du café dans une capsule ?", s'est interrogé ironique l'éditorialiste Jérôme Libeskind.

Plus agacé, Maître Hippo lance un "Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon il n'y aurait plus de lobby féministe" avant d'ajouter : "Quand on essaye d'attirer une cible marketing, on lui propose nécessairement des prix plus bas", citant aussi en exemple les tarifs préférentiels pour les femmes en discothèque. Même son de cloche chez Phlogophoros : "Ça s'appelle le versionnage, c'est vieux comme le monde (du marketing)". Ou chez Sophie C-M : "Pourquoi vous appelez #womantax un truc qui est de la marge commerciale ? J'ai loupé un truc ?".

Comme à chaque fois, certains préfèrent en rire. "Il se trouve que, manifestement, les hommes sont plus disposés à se passer de déodorant si le prix est trop élevé. Je ne nous félicite pas", a ironisé Koz sur Twitter.

Beaucoup risquent en tout cas d'y regarder à deux fois en faisant leurs courses à l'avenir...