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Handicapés à louer
Selon un journal américain, des mères de familles new-yorkaises ont loué des guides handicapés pour couper les files d'attente d'un célèbre parc d'attractions. Un comportement détestable.
Flickr/Frédéric Bisson/CC
On se dit souvent qu'on a touché le fond. Et pourtant, il y a toujours une nouvelle qui vient nous rappeler la profondeur abyssale de la bêtise humaine. La semaine dernière, c'est le New York Post qui a révélé que des familles aisées de Manhattan louaient les services de guides handicapés pour ne pas faire la queue à Disney World, en Floride. Et le système était bien rôdé : la personne en fauteuil ou scooter motorisé, recrutée pour 130 dollars de l'heure, était présentée comme un proche et permettait à toute la famille, six personnes maximum, de passer par une entrée prioritaire. Et donc d'accéder aux attractions en quelques minutes, contre plus de deux heures d'attente pour les autres visiteurs. C'était un secret bien gardé, qui ne se transmettait qu'entre " initiés ", et cela aurait pu continuer longtemps si le scandale n'avait pas éclaté, laissant derrière lui un immense sentiment d'incrédulité et de dégoût. Le mot n'est pas trop fort et celui de honte n'est pas loin. Honte à ceux qui ont utilisé ces services avec leurs enfants, au lieu d'acheter un pass VIP, leur inculquant ainsi de belles valeurs pour l'avenir. Honte aussi à la société Dream Tours Florida qui propose de tels services, prétendant dans le même temps sur son site internet vouloir " partager des rêves et croire en des relations sincères ". L'entreprise, il faut le savoir spécialisée dans l'aide aux voyages pour les familles ayant un membre souffrant de handicap, a-t-elle été trompée ou a-t-elle simplement un sens du commerce si développé qu'elle est passée outre la situation de ses clients ?
Hélas, une telle histoire n'est pas sans rappeler ceux qui se procurent des fauteuils roulants ou des béquilles alors qu'ils n'en ont pas besoin sauf pour resquiller, ou ceux plus nombreux encore qui pour éviter de chercher trop longtemps à se garer se font des copies de cartes de stationnement pour personnes handicapées. Bien sûr que c'est tentant de trouver un moyen d'éviter les tours de pâtés de maison qui durent parfois des heures, ou encore d'arriver directement à la caisse d'un magasin où la file semble interminable !
Mais la fin ne justifie pas les moyens. Comment oser de tels stratagèmes quand on connaît, ne serait-ce qu'un minimum, la situation des personnes handicapées ? Discrimination à l'emploi, au logement, problèmes d'accessibilité... Exemple récent : une mère de famille ne pouvant entrer dans un tribunal à cause de l'absence de rampe d'accès a été jugée sur le parvis, devant les passants ! On passera sur les automobilistes et leurs stationnements sauvages qui bloquent le passage, ou ceux qui vont jusqu'à prendre les places réservées sans le moindre scrupule.
Faut-il rappeler à tous ceux qui participent de cette société qui considère si mal encore une partie de ses citoyens, la campagne de communication autour de ce slogan : " Si vous prenez ma place, prenez aussi mon handicap " ?