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Margaret Thatcher : la mort de la Dame de Fer
Celle qui dirigea la Grande-Bretagne d'une main de fer dans les années 80 est morte ce lundi matin, à l'âge de 87 ans. Les réactions sont nombreuses mais pas unanimes.
Flickr/CC/Robert Huffstutter
On la savait malade depuis quelques années. C'est une attaque qui a emporté Margaret Thatcher ce lundi dans un grand hôtel de Londres où elle vivait et était également soignée. Toute sa carrière, celle qui fut Premier ministre de Grande-Bretagne de 1979 à 1990 a été autant détestée qu'adorée pour sa politique conservatrice, ultra-libérale. Réduction des dépenses publiques, augmentation des taux d'intérêt, vague de privatisations, fermetures de sites miniers, strict encadrement des syndicats...autant d'orientations du Thatchérisme dont on reparle beaucoup depuis hier.
Et les réactions ont bien évidemment été nombreuses. L'actuel chef du gouvernement britannique David Cameron a même écourté un voyage officiel pour rentrer à Londres et déclarer : "Nous avons perdu un grand dirigeant, un grand Premier ministre et une grande Britannique". La reine Elizabeth II s'est dite "attristée" pendant que Tony Blair affirmait : "Très peu de dirigeants parviennent à changer le paysage politique. Margaret en fait partie".
De l'autre côté de la Manche, si François Hollande dans un communiqué a évoqué une "relation avec la France toujours franche et loyale", "un dialogue constructif et fructueux" avec le président Mitterrand, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a tout de même évoqué les "dégâts économiques et sociaux" de la politique menée par Margaret Thatcher. La chancelière allemande Angela Merkel a salué "un leader extraordinaire de notre époque". Aux Etats-Unis, Barack Obama s'est voulu plus lyrique, estimant que "les Etats-Unis perdent une vraie amie".
Mais autant que la chef du parti conservateur a pu être admirée et décriée, certains à l'annonce de sa mort n'ont pas changé d'avis négatif sur elle. Loin de là. En tête, Jean-Luc Mélenchon qui a twitté un message sans concession : "Margaret Thatcher va découvrir en enfer ce qu'elle a fait aux mineurs". Des propos qu'il confirme un peu plus tard sur le plateau du Grand Journal de Canal +. "Elle est sans doute responsable d'une bonne partie des désastres qu'on constate dans le monde entier aujourd'hui", a-t-il insisté.
Sur le réseau social, le décès de l'ancienne Premier ministre est un des sujets les plus commentés. "Miss Maggie s'en va le jour anniversaire de l'Entente Cordiale", a ainsi constaté le journaliste Laurent Guimier, pendant qu'Hervé Morin ne pouvait s'empêcher de lancer une pique : "Thatcher c'est tout ce que n'est pas Hollande. Hollande à l'envers. Autorité et courage". Sur Twitter, on a aussi pu voir le footballeur anglais Joey Barton habitué des provocations, se fendre d'un "Je pourrais dire RIP Maggie mais ce ne serait pas vrai. Si le paradis existe, cette vieille sorcière n'y sera pas".
Sur RTL, c'est Daniel Cohn-Bendit qui n'y est pas allé par quatre chemins, sans référence à la politique française. "Je comprends la tristesse de la famille mais il ne faut pas me demander d'avoir une pensée particulièrement émue pour elle", a-t-il déclaré.
Des réactions distantes, voire joyeuses, il y en a eu en Angleterre, où beaucoup ont déclaré se réjouir du décès de Margaret Thatcher. "Je bois un verre en ce moment précis. C'est un jour merveilleux, je suis ravi", a ainsi déclaré David Hopper, responsable régional d'un syndicat des mineurs. Ce dernier a même avancé l'idée d'une fête donnée pour les obsèques de l'ex Premier ministre.
Si elle a profondément marqué l'histoire de son pays, la Dame de Fer n'aura cependant pas droit à des funérailles nationales, comme cela avait pu être le cas pour Winston Churchill. Pour un personnage si controversé, Downing Street a annoncé que les honneurs militaires lui seraient rendus d'ici une dizaine de jours à Londres, en la cathédrale Saint-Paul. Le minimum, ou le maximum c'est selon, pour celle dont Jacques Chirac s'était demandé à Bruxelles si elle voulait "ses couilles sur un plateau". Celle que François Mitterrand encore décrivait comme une femme avec "la bouche de Marilyn et les yeux de Caligula". Ou celle encore que Renaud chantait ainsi : "Dans cette putain d'humanité, les assassins sont tous des frères, pas une femme pour rivaliser, à part peut-être Madame Thatcher".